Monia Mazigh

Deux moments de la Tunisie, la révolution du pain en 1984 et le soulèvement populaire de 2010-2011 vu par des adolescentes.



L’auteure avertit au départ qu’il ne s’agit pas d’une autobiographie, même si elle a pu s’inspirer de souvenirs d’enfance.



Il s’agit de l’histoire de Nadia, jeune Tunisienne en 1984, une fille studieuse et bien sage, dont la vie sera chamboulée par les émeutes et surtout par l’arrestation de l’amoureux de sa meilleure amie. Elle tentera de se révolter aussi et réussira à se faire exclure de l’école à quelques mois du bac. Pour passer le temps, elle fréquente le centre culturel américain, où elle fera connaissance d’un Canadien. Amoureuse, elle l’épousera et immigrera au Canada, malgré l’opposition de sa famille.



Vingt-cinq ans plus tard, c’est sa fille Lila qui arrive en Tunisie pour apprendre l’arabe et se familiariser avec la culture du pays natal de sa mère. À son tour, elle sera confrontée aux tensions sociales qui mèneront à la fuite du dictateur. Comme sa mère, elle aura bien des hésitations et des remises en question avant de trouver sa voie.



Le roman n’est pas sans intérêt, mais c’est plutôt un livre pour ado-jeunes-adultes qui peuvent s’identifier aux héroïnes du roman et être touchés par leurs réflexions et leurs angoisses face aux décisions à prendre. Pour ma part, je suis restée sur ma faim, j’aurais voulu en savoir davantage sur les revendications ou la situation sociale, ou même simplement sur l’histoire de ce pays.

Farida est le roman de l'affirmation des femmes, d'un combat pour leur émancipation d'un système patriarcal rigide et violent.

Dans ce roman choral, se côtoient plusieurs femmes. Farida, la grand-mère, qui résistera pour l'amour de son fils, aux violences du père d'abord et du mari, ensuite. Farida est un chêne autour duquel survivront, la belle Fatma, cousine de Farida, artiste de ses mains, qui très jeune sera "souillée" par un membre de la famille.

Il y a Jouda, la belle-fille "indigne" car elle sera allée au bout de ses rêves. Aidée, encouragée par sa belle-mère, Farida.

Il y a Leila, la petite-fille, meurtrie, tiraillée entre ses deux parents, mais élevée, aimée et poussée par sa grand-mère à quitter "le trou" , sa ville natale, Tunis.

Il y a aussi Catherine -l'amie de Leila- qui a aussi subi un effroyable "incident" de la part d'un voisin.

Des femmes qui, quelle que soient l'époque, la société dans laquelle elles vivent, se sont construites dans la douleur.

Le commentaire de Martine : COUP DE COEUR!

Les femmes musulmanes ont subi un patriarcat, une domination, une pauvreté, une colonisation, toutes sous le joug des hommes. Que ce soit en Tunisie, au Canada et ailleurs dans le monde, cette histoire a été vécu par beaucoup de femmes durant plusieurs années. Farida, notre protagoniste, est à l’image de ces femmes qui sont toujours debout, combattantes et qui donnent espoir aux autres femmes et aux générations futures.

Ce récit prend racine en Tunisie en 1941, afin de suivre le parcours d’une femme qui veut s’émanciper et se sortir des carcans imposés par la domination patriarcale. Farida brûlant d’un désir de liberté, d’indépendance et d’espoir. C'est à travers les histoires de Farida, de sa cousine Fatma et de sa belle-fille Jouda, que nous allons suivre l’affirmation de ces femmes de culture arabo-musulmane à s’affirmer face à la domination des hommes et de la culture du silence et l’obéissance.

Monia Mazigh a une belle plume, sensible, réaliste. Son récit dépeint la réalité des femmes qui sont encore aujourd’hui sous l’influence de la domination patriarcale, malgré toutes ces années, dans certaines cultures s’est encore une réalité. C’est pourquoi, des portraits comme celui de Farida, on se doit d’en parler, de les écrire, et même de les enseigner.

C’est un coup de cœur renversant pour ce récit du parcours d’une femme qui a besoin de liberté et d’émancipation dans une culture du patriarcat autoritaire.
Lien : http://lesmilleetunlivreslm...

Une incursion dans la vie de plusieurs femmes musulmanes que j'ai trouvé vraiment intéressante.