"Il n'y a bientôt plus d'usine, plus d'industrie à Fribourg (...) Tout ça a disparu. Alors que ces gens se sont identifiés à leur entreprise, se sont donnés corps et âmes, pendant des années. Que sont-ils devenus ? Je voulais qu'on n'oublie pas ceux de Cardinal (...)
Je ne suis pas une porte-parole syndicale. Mais je souhaite que la mémoire persiste. Elle ne peut vivre que si on la transmet et je pense que le théâtre est u bon moyen. Il a ce côte émotionnel, en prise directe. Et il doit s'impliquer, parler des choses de la cité".
Isabelle Gremaud, metteur en scène du spectacle "je suis à Cardinal..."
Finalement, on entonne en riant le chant des ouvriers qui monte de l'espace qui fut le leur et on conclut sans désolation, dans la grandeur et la reconnaissance, que Cardinal a fermé. Mais demeurent les âmes bienveillantes, gardiennes d'une longue tradition; droites, fières et rouges comme la grande cheminée.
Les témoignages sont poignants. Retenus. Ils sonnent si vrais qu'il s'en dégage une intensité dramatique. Celle de la vie de tous ces sans-grade qu'Isabelle-Loyse Gremaud a décidé de transformer en spectacle. Pour que ces récits résonnent encore plus fort, le spectacle est joué sur le site de Cardinal.
C'est aux alentours de cette époque (vers 1900) que nous imaginons une académicienne, ou une lycéenne, arrivant à la gare de Fribourg. Elle vient certainement, nous le verrons plus loin, de Suisse alémanique. Nous allons la suivre tout au long du boulevard de Pérolles, qui vient d'être terminé (..) Elle va y découvrir des bâtiments qui, dès la belle Epoque déjà, donnent l'une de ses images importantes à toute la ville de Fribourg.