Musée des Lettres et manuscrits

Dans la version publiée, Michel Cousin se serre lui-même dans ses bras. Cette scène occupe 4 lignes dans le livre, et frappe justement par sa sobriété. Mais dans le manuscrit, elle s'étend sur 7 pages entières. Le héros imagine que c'est une femme qui l'étreint ainsi et Gary en profite pour livrer des réflexions personnelles sur l'amour dont on peut regretter qu'elles n'aient pas trouvé place dans le texte publié :
" Pour bien connaître l'amour, à fond, de fond en comble, être un prodigieux connaisseur en amour, il n'y a qu'une condition : il faut qu'il vous manque. S'il ne vous manque pas, inutile d'en parler, vous ne saurez jamais rien sur le sujet. Et si vous en êtes pourvu, si vous aimez et êtes aimé, vous en avez une idée tout à fait fausse, banale, car il tombe sous le sens que pour connaître vraiment le goût du pain, il faut crever de faim. "

À propos du roman Gros Câlin

Est-il besoin de préciser que nous avons lu cette phrase inoubliable : "Avec l'amour d'une mère, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais" ?

Ce qui m'a touché dès le départ dans " Vie et mort d'Emile AJAR ", c'est son humour. Un humour certes douloureux, dans la manière dont GARY surmonte toute la souffrance accumulée que l'on ressent derrière ce texte, mais aussi irrésistible par la drôlerie des anecdotes.
Je pense par exemple à cet entretien avec une journaliste de Paris Match, Laure Boulay, qui avait repéré la phrase " Je m'attache très facilement " aussi bien dans Gros-Câlin que dans La Promesse de l'aube, et qui avait donc identifié AJAR sous les traits de Gary. Comme à son habitude, l'écrivain, qu'elle vient voir pour une interview, dénie fermement tout lien avec Ajar, lui explique qu'il a été plagié par ce jeune auteur à succès et qu'il lui pardonne ses emprunts. Et il termine le récit de cette rencontre par une déclaration d'amour à Laure Boulay dont il confie au lecteur avoir été éperdument amoureux pendant toute la durée de l'entretien, concluant par ces mots : " Je m'attache très facilement. "

Pierre Bayard à propos de VIE ET MORT D'EMILE AJAR

Il écrivait comme s'il n'avait pas la vie devant lui. On ne pouvait se dérober à ses livres dans la mesure où il paraissait évident qu'il s'était senti contraint de les écrire.