Mel l’enlace. Une main retient sa nuque et l’autre son dos.
Ils s’effleurent. Leurs coeurs battent au même rythme. Sur son torse
dénudé, Mel accueille la poitrine à peine effleurée, qui se tend sous sa
robe. Elle gémit d’émerveillement. Elle reconnaît l’éclosion de son corps,
la fièvre inconnue et délicieuse parfois dévoilée lors de ses fantasmes
nocturnes de jeune fille.
A peine touché, ce corps parfait d’homme la bascule dans les torrents
du plaisir.
Cette âme est pour elle. Ce corps est pour elle. Ces lèvres sont pour
elle.
Ces lèvres où le sourire reste à dessiner.
Désorientés et étonnés, ils se sourient. Mel est face à des yeux infinis.
Goutte de Lune peut enfin contempler les siens. Elle s’enchante de leur
couleur. Des yeux bleus comme le ciel du soir, comme les eaux profondes
des lacs, constellés d’argent.
Elle s’étonnait de les entrevoir parfois clairs, et parfois sombres. Ils
suivent la couleur de son âme. Des merveilles.
Ils redeviennent sombres. Mel se détourne.
« Je n’ai pas le droit… »
Goutte de Lune prend son visage entre ses mains, passe ses pouces sur
ses yeux, et efface la peur. Elle souffle doucement sur son visage et chasse
les tourments.
« Je sais à qui sont ces yeux… »
« Quand tu sauras qui je suis… »
Sa joue tremble sous ses doigts. Elle caresse la bouche, sa joue.
« J’ai vu celui qui est en toi ! »
Il hésite et plonge dans le regard infini de la jeune femme. Ses yeux
pétillent de bonté et de sérénité. Il la soulève et la blottit contre lui. Il se
laisse submerger par la douceur, par la tendresse, par la force paisible qui
lui sont offertes. Elle l’embrasse.
Autrefois, ‘dressé’ à prendre, à arracher et à soumettre, il n’avait
jamais reçu tant d’amour. Il se donne entièrement dans ce baiser. Puis il se
niche dans le creux de son épaule et s’enivre de la chaleur de son corps, au
parfum sucré de feuilles. Il s’abandonne. Il se rend. Il rend les armes
devant cette montagne de tendresse.