Chapitre 1 :
«… Il revérifia les documents devant lui.
— Je dois dire que vous n’avez jamais été en aussi bonne santé. Quel est votre secret ?
— Hum…
Le médecin sourit.
— Qui est-ce ?
Je laissai échapper un rire gêné.
— Il est, euh… il est beaucoup plus jeune que moi.
Mon médecin sourit et hocha la tête en connaissance de cause.
— Eh bien, ce qu’il fait, fonctionne. Je sais que vous vous inquiétez pour votre santé, après le décès de votre père, et c’est tout à fait compréhensible. Mais, Tom, dit-il, je dirais que vous êtes une véritable incarnation de la santé. Un régime et de l’exercice vous vont bien.
— J’ai besoin de faire de l’exercice, juste pour le suivre, admis-je.
Ça fit rire le médecin. Puis son sourire s’effaça. …»
Chapitre 2 :
«…— J’ai vu ton jeune stagiaire à l’enterrement…
Et voilà.
— Il s’appelle Cooper.
— Oui, c’est ça, dit-il, comme s’il ne savait pas. Cooper Jones.
Il me regarda pendant un long moment.
— Vous m’avez semblé très… familier.
Je n’arrivais pas à y croire. Je n’arrivais pas à y croire.
— C’est mon petit ami, si c’est l’information que tu cherches, dis-je, sans me soucier qu’il n’aime pas mon ton. En fait, nous vivons maintenant ensemble.
Robert pencha la tête.
— Tu le voyais quand il était ton stagiaire ?
Putain. …»
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Nous n’étions pas proches. Je ne me souvenais pas qu’il ait jamais assisté à une de mes fêtes d’anniversaire. Je ne me souvenais pas qu’il m’ait jamais adressé une parole réconfortante pour soigner mon cœur anxieux quand j’étais adolescent. Je ne me souvenais pas qu’il m’ait jamais conduit en personne à un entraînement, et il ne s’était jamais occupé de moi quand j’étais malade.
À la vérité, je n’avais aucun souvenir tendre le concernant.
En revanche, je me souvenais parfaitement de ce jour où il m’avait dit que j’étais une honte pour le nom des Ingham, ce jour où le proviseur du lycée avait prévenu mes parents que j’avais été surpris dans une situation compromettante avec un autre garçon. J’étais en dernière année et j’avais déjà été accepté dans une université (choisie par mes parents, bien entendu) mais je pouvais au moins être libéré de sa surveillance suffocante. Et dans un rare emportement de ma part, je lui avais dit que j’étais gay, que j’aimais les garçons et que cela ne changerait jamais.
Il m’avait regardé comme si j’étais de la crotte de chien sur ses chaussures italiennes hors de prix.
Mais son dégoût pour moi était là depuis longtemps, bien avant mon coming-out. Je me souvenais très bien de mes huit ans, l’air de perplexité déplaisante qu’il n’essayait même pas de cacher quand j’avais pleuré devant Toy Story. Rien de ce que je faisais n’avait grâce à ses yeux.
— Ça a l’air d’aller, dit-il.
Son sourire habituel était bien là.
J’avais véritablement l’intention de répondre avec une réplique intelligente et pleine d’esprit, mais monter une colline inexistante pendant cinq minutes me rendait incapable de respirer et parler en même temps.
J’envisageai d’appuyer sur le bouton d’arrêt. En fait, l’envie de presser la touche d’urgence, dans l’espoir qu’une ambulance arrive et me conduise au café le plus proche, était très tentante.
Mais je savais que si je commençais à trouver des excuses maintenant, j’aurais fait perdre du temps à tout le monde et je donnerais raison à Graham. Et ce fut pour cette raison que je surmontai cette épreuve. Après ce qui ressemblait certainement à une éternité en enfer, le tapis de course se baissa et l’allure ralentit.
Quand il s’arrêta, j’en descendis. Mes jambes étaient comme de la gelée, mes poumons me brûlaient et mon cœur atteignait un rythme presque létal.
Reed me donna une grande claque dans le dos.
— C’était comment ?
Je levai la main, toujours trop essoufflé pour parler. Donc je fis plutôt un signe de tête et réussis à prononcer quelques syllabes.
— Pas. Bon. Exer. Cice. Nul.
Il se remit à rire.
— Vous l’avez surmonté. Vous vous en êtes très bien sorti.
J’acquiesçai et m’essuyai le visage avec ma serviette.
— Ouais. C’était génial, réussis-je à dire. Merci. On se voit demain ?
Reed réprima un sourire.
— Euh, c’était juste votre échauffement.
Mon Dieu, aidez-moi.
— Eh bien, haletai-je. Considérez que je suis assez échauffé. Trop échauffé, en fait. Je surchauffe, pour être honnête. Je crois que je vais tomber. Tomber raide mort.
J’avançai sur mes jambes tremblantes en direction du banc le plus proche, puis m’assis dessus. Mon cœur essayait toujours de me tuer. J’avais l’impression que mes poumons luttaient pour avoir plus de place dans mon torse.
Reed claqua sa grande main sur mon épaule. Il était assez tactile.
— Allez, debout. Vous avez encore de l’énergie.
Je levai la main, essayant de reprendre mon souffle.
— Une seconde. Mes poumons sont cassés.
Il ricana.
— Allez, levez-vous.
D’une façon ou d’une autre, je réussis à le faire. Reed m’emmena alors vers une autre grande machine.
— Oh, j’ai vu un de ces engins en action avant, dis-je. À La Maison de la Douleur d’Hugo, sauf que le mec était attaché, qu’il était nu…
Reed écarquilla les yeux.
— … et c’était il y a longtemps. Je ne suis pas du genre cuir, c’était juste un soir. Désolé, qu’est-ce que vous disiez ?
Reed cligna lentement des yeux, puis commença à rire. Il lui fallut un moment pour arrêter, non pas que cela me dérangeait, parce que plus il riait, moins je passerais de temps sur cette machine à faire de l’exercice
Jamie, Connor et Millsy n’avaient toujours pas réagi, mais l’expression sur le visage de Sam n’était que douleur et tristesse.
— Iz…
— Non, c’est bon, le rassurai-je. Je me sens… Pour être tout à fait honnête, je ne sais pas comment je me sens. Mais je ne flippe pas. D’accord, peut-être un peu. Même si je n’y comprends rien, même si je n’ai aucune idée de qui je suis ou d’où je viens, je pense sincèrement que ça ne me dérange pas. C’est flippant, mais c’est aussi excitant. Parce que ça pourrait être sympa d’avoir une famille qui ne me fasse pas me sentir aussi seul.
Sam semblait prêt à pleurer, à hurler ou à cogner dans quelque chose.
— Tu n’es pas seul, insista-t-il.
— Pas quand vous êtes là, admis-je.
Jamie se passa la main sur le visage, essayant encore d’intégrer ce que je venais de leur apprendre.
— Bon Dieu, Cap ! C’est quoi ce délire
— Je coupe les courgettes en deux ou tu les manges entières ?
Sa question me tira brusquement de ma rêverie délirante. Sam était mon ami le plus intime, il était tout pour moi. Je ne savais pas depuis quand je le trouvais torride, sexy et canon, mais je devais arrêter.
Je ne pouvais pas risquer de perdre notre amitié. À la place, j’utilisai mon premier et mon meilleur mécanisme de défense : l’humour.
— Alors, tu ne fais pas seulement cuisiner tes rencards, tu pinailles aussi sur la préparation ? Je suis sûr que c’est pour ça que tu es célibataire.
Il s’arrêta de trancher une courgette en deux et pointa le couteau vers moi.
— Sache que si je suis célibataire, c’est parce que chaque fois que nous sortons, les mecs pensent que nous sommes en couple.
(p 63)
Chapitre 2 :
«… Il s’interrompit puis secoua la tête une nouvelle fois et retira sa main.
— Désolé. Je me suis laissé emporter.
Je le regardai fixement. La façon dont il parlait de l’architecture, des bâtiments, de l’art qui s’y trouvait, c’était quelque chose que je faisais. C’était une passion en moi, quelque chose que personne d’autre ne comprenait vraiment.
— Ne t’excuse jamais, dis-je. Ma voix était à peine un murmure.
Les yeux de Cooper restèrent fixés sur les miens et ce n’est que lorsque quelqu’un passa devant nous que la connexion entre nous fut rompue.
Quelque chose venait de passer entre nous. Une familiarité. Une compréhension. Un moment. … »
« — Pourquoi les églises sont-elles aussi effrayantes ? murmura-t-il.
Cronin prit sa main.
— Pour humilier les pécheurs, peut-être ?
— Pour rappeler aux pauvres qu’il y a une richesse intouchable dans une religion organisée, à laquelle ils donneront encore sans rien recevoir, ou bien ils seront condamnés à la damnation éternelle, ajouta Kennard.
Puis il haussa les épaules.
— Ou peut-être que je suis cynique à ce sujet.
— Peut-être. »
« Alec le lui tendit et le petit responsable du clan anglais fit quelques pas délicats le long de la passerelle de terre et frappa deux soldats de Terre Cuite qui tentaient encore de sortir de l’habitacle.
Alec se mit à rire.
— Oh, en plein dans le style Happy Gilmore !
Un des vampires anglais éclata de rire et Alec agita une main dans sa direction.
— Ouf, enfin ! Quelqu’un qui comprend mes références à des films ! »