"Le premier jour du printemps" de Nancy Tucker est un premier roman à la fois puissant, terrible et captivant...
Il a été traduit de l'Anglais par Carine Chichereau et est en cours de traduction dans de nombreux pays.
Un un roman coup de poing...
bit.ly/LePremierJourDuPrintemps
Mais s'ils croient que t'as pas de papa, je peux avoir de l'argent parce que je m'occupe de toi toute seule.
- Mais tu t'occupes pas de moi.
- Fous le camp, Chrissie !"
J'avais envie de lui dire que depuis que j'avais tué Steven, je me sentais vachement plus en sécurité qu'avant parce que c'était de moi que les gens devaient se méfier, et être celle dont il fallait se méfier, y avait rien de plus sécurisant.
" Rentre chez toi, ma petite. Ta maman doit se demander où tu es passée;
- Ça, non, j'ai répondu.
- Bon, rentre chez toi regarder la télé.
- Ya pas l' électricité."
On allait toujours à la messe tous les dimanches. Maman aimait bien le bon Dieu, même si moi, elle m'aimait pas.
Haverleigh était certes un " Foyer ", mais du genre qui prend une majuscule et que borde une haute clôture - un endroit réservé aux enfants trop méchants pour qu'on les laisse dans leur " foyer " avec une minuscule.
J'ai cherché un stylo dans mon sac. Le plâtre de Molly était posé sur la tablette et je l'ai bougé doucement, sans la réveiller. Il n'y avait plus beaucoup d'espace libre, mais j'ai trouvé un endroit assez grand pour y écrire mon nom.
Maman.
Quand la gardienne est revenue pour nous ouvrir le portail, nous avions été rejointes par une armée de mères et de gamines, ce qui m’a rappelé pourquoi j’avais mis en place le plan antimères. Elles se regroupaient les unes contre les autres, parlaient à toute vitesse, éclataient de ces rires qui me vrillait les oreilles. J’éprouvais toujours la même sensation en me retrouvant au milieu d’elles : celle d’être déguisée, et d’appartenir en réalité à une autre espèce.
Je donnais à Molly des petites pastilles de chocolat de ce paquet violet que je gardais toujours dans mon sac pour les cas d’urgence. Elle semblait satisfaite d’être allongée là tandis que je lui glissais les pastilles dans la bouche l’une après l’autre, et ce défilé de bonbons signifiait que je pouvais continuer à la gâter ainsi, sans interruption, sans que se présente la nécessité de remplir le vide avec des mots.
....mais maman l’a interrompue : ”vous voulez adopter un gosse ?” La belle dame a hoché la tête tout en prenant un mouchoir propre dans la boîte posée sur le bureau. Maman m’a attrapée par le coude, si brusquement que j’ai renversé mon sirop à l’orange sur moi. Elle m’a poussée vers elle et elle a dit : ”c’est Chrissie. Elle est à moi. Mais elle est bonne à adopter. Vous pouvez la prendre”.
L'après-midi, je me baladais dans les rues avec un bâton que je raclais contre les murs en brique et les grilles, tap-tap-tap. Dés fois, je m'arrêtais et je regardais la télé par la fenêtre d'un salon. Quand je frappais aux portes, les mamans disaient que leurs gosses n'avaient pas le droit de sortir, et que moi non plus je devrais pas être dehors. " Ouais, mais j'y suis ", je répondais.