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3.29/5 (sur 164 notes)

Nationalité : Royaume-Uni
Biographie :

Après des études de mathématiques à Cambridge University, Natasha Brown a travaillé pendant une dizaine d’années dans le secteur bancaire.
Son premier roman, "Assemblage", est encensé dès sa sortie par la critique et les libraires du Royaume-Uni, puis traduit dans le monde entier. Natasha Brown est aujourd’hui considérée comme le grand espoir des lettres britanniques.

Source : Grasset
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Grand entretien avec Natasha Brown modéré par Élodie Karaki 38e édition Comédie du Livre - 10 jours en mai Samedi 13 mai 2023. 18h - Espace Albertine Sarrazin


Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Ces directives : écoutez, ne dites rien, faites ceci, ne faites pas cela. Quand est-ce que ça va prendre fin ? Et où est-ce que ça m’a menée ? La même histoire, encore et toujours. Je suis tout ce qu’on m’a dit de devenir. Ça ne suffit pas. Une destruction physique à présent, à la hauteur de la destruction mentale. Disséquer, empoisonner, détruire cette nouvelle part maligne de moi. Mais il y a toujours autre chose : une requête de plus, une critique de plus. Ces acquiescements, ces efforts, ce dépassement sans fin – pourquoi ?
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La moindre valeur que mes mots peuvent avoir dans ce pays découle de mon association avec ces institutions : universités, banques, gouvernement. Je ne peux que répéter leurs mots à eux, en espérant exprimer une sorte de vérité. Peut-être est-ce là une piètre façon de justifier ma propre complicité. Le rôle que je joue pour convaincre des enfants qu’eux aussi doivent endurer. Me taire, certainement, aurait été le choix le moins nocif.
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L’ambivalence de la mère était plus classique. Elle m’a présentée un jour d’une circonvolution maladroite, « la nouvelle bonne amie de notre benjamin ». Suivi d’un sourire entendu à la connaissance qui venait de l’interroger. Malgré tout, je la comprenais. Il me semblait voir la chose par ses yeux : aux amours de son fils, oui, elle acquiesçait. Mais il y avait aussi la famille dont elle venait, celle qu’elle avait rejointe par alliance. L’avenir, les enfants et la pureté – pas dans un sens racial crasse, non. Bien sûr que non. Il était question d’une pureté de lignée, d’histoire : de mœurs et de sensibilités culturelles partagées. La préservation d’un mode de vie, d’une classe, l’échelon supérieur, indispensable, de la société. Il ne fallait pas que la croissance atrophiée de son fils (et qu’était cette relation, sinon une fantaisie puérile ?) ait des répercussions sur le patronyme familial.
Sans surprise, j’ai appris que tous les titres et le patrimoine venaient du père. Il y avait une incertitude sous l’hostilité de la mère à laquelle je m’identifiais presque.
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Quand il est d’humeur joueuse, mon petit ami me dit que je suis pétée de thunes. Bien plus que lui. Il dit que le un pour cent des riches, c’est moi. Mais l’argent, ça n’est pas tout. Lui, il est fortuné. Sa fortune est répartie en actifs, fidéicommis et holdings aux clauses de propriété complexes. Autant de choses qu’il fait mine de refuser de comprendre. Des intérêts composés, s’accumulant sur des générations.
Quelle différence ça fait ? demande-t-il. Je lui réponds. L’un de nous va bosser à six heures du matin. L’autre feuillette les journaux au café du coin.
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La réponse: l'assimilation. Toujours, cette pression, pile à cet endroit. Assimilez-vous, assimilez-vous... Dissolvez-vous dans le melting-pot. Puis coulez-vous dans le moule. Pliez vos os jusqu'à ce qu'ils craquent, se fendent,jusqu'à ce que ça rentre. Forcez-vous à épouser leur forme. Assimilez-vous, voilà à quoi ils exhortent, à quoi ils encouragent. Puis ils froncent les sourcils. Encore. Et encore. Et toujours, en ligne de basse, sous le vocabulaire insistant de la tolérance et de la convivialité - disparaissez !
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Ses parents me toléraient. En bons parents progressistes. Ils étaient patients envers leur fils sur la question de ses fréquentations. Ils s’imaginaient, m’imaginais-je, que c’était une phase. Pourquoi la prolonger en lui accordant une attention négative ? Et donc ils s’en accommodaient. L’accueillaient – m’accueillaient moi, ostensiblement.
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Mais je l’éprouve. L’appréhension. Chaque jour, une nouvelle opportunité de merder. Chaque décision, chaque réunion, chaque rapport. Il n’y a pas de succès, seulement des échecs temporairement évités. L’appréhension. Du bourdonnement, de la sonnerie de mon réveil jusqu’au moment où enfin je me rendors. L’appréhension. Je reste allongée sur le canapé ou dans mon lit ou juste étendue par terre. L’appréhension. Je me repasse la journée, je l’ausculte, à la recherche d’erreurs, de faux pas, de – de quelque chose. L’appréhension, l’appréhension, l’appréhension, l’appréhension. Un rien pourrait s’avérer la ruine de tout. Je le sais. Cette vérité résonne dans ma poitrine, une ligne de basse qui cogne. L’appréhension, l’appréhension, ça m’étouffe. L’appréhension.
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J'ai observé avec une curiosité impartiale ce continent s'en prendre à lui-même : désorienté, perdu, malade de nostalgie, soupirant après son heure de gloire impérialiste - quand les autres étaient si précisément définis ! C'est évident à présent, de façon rétrospective, autant que l'irrationalité de la racine carrée de deux : ces superpuissances mondiales ne sont ni infaillibles ni supérieures. Elles ne sont rien, sans un ordre de relativité brutalement imposé. Une brutalité organisée, systématique, que leurs enfants mous, flasques, ne peuvent digérer - refusent même de reconnaître. Tout en s'y accrochant comme à une vérité. Il n'y a jamais eu d'absolu, de décret divin. Juste de la chance, arbitraire, visqueuse. Et qui s'aggrave. (116)
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Mais je l'éprouve. 𝐿'𝑎𝑝𝑝𝑟𝑒́𝘩𝑒𝑛𝑠𝑖𝑜𝑛. Chaque jour, une nouvelle opportunité de merder. Chaque décision, chaque réunion, chaque rapport. Il n'y a pas de succès, seulement des échecs temporairement évités. 𝐿'𝑎𝑝𝑝𝑟𝑒́𝘩𝑒𝑛𝑠𝑖𝑜𝑛. Du bourdonnement, de la sonnerie de mon réveil jusqu'au moment où enfin je me rendors. 𝐿'𝑎𝑝𝑝𝑟𝑒́𝘩𝑒𝑛𝑠𝑖𝑜𝑛. Je me repasse la journée, je l'ausculte, à la recherche d'erreurs, de faux pas, de - quelque chose. 𝐿'𝑎𝑝𝑝𝑟𝑒́𝘩𝑒𝑛𝑠𝑖𝑜𝑛, 𝑙'𝑎𝑝𝑝𝑟𝑒́𝘩𝑒𝑛𝑠𝑖𝑜𝑛, 𝑙'𝑎𝑝𝑝𝑟𝑒́𝘩𝑒𝑛𝑠𝑖𝑜𝑛, 𝑙'𝑎𝑝𝑝𝑟𝑒́𝘩𝑒𝑛𝑠𝑖𝑜𝑛. Un rien pourrait s'avérer la ruine de tout. Je le sais. Cette vérité résonne dans ma poitrine, une ligne de basse qui cogne. 𝐿'𝑎𝑝𝑝𝑟𝑒́𝘩𝑒𝑛𝑠𝑖𝑜𝑛, 𝑙'𝑎𝑝𝑝𝑟𝑒́𝘩𝑒𝑛𝑠𝑖𝑜𝑛, ça m'étouffe. 𝐿'𝑎𝑝𝑝𝑟𝑒́𝘩𝑒𝑛𝑠𝑖𝑜𝑛.
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Qu’est-ce qui poussait Rach à vouloir cette carrière ? Moi, je savais pourquoi j’étais là. Les banques – je comprenais ce que c’était. Des machines à fric impitoyables, efficaces, ayant pour sous-produit une forme de mobilité sociale. Franchement, quelle autre entreprise aurait pu m’offrir une opportunité semblable ? Contrairement à mon petit ami, je n’avais ni le réseau ni l’argent prérequis pour me lancer en politique. L’industrie financière était pour moi la seule façon viable de gravir les échelons. J’avais troqué ma vie pour une fraction du confort des classes moyennes. Pour un avenir. Mes parents, mes grands-parents n’avaient pas eu ce genre d’opportunités ; il me semblait interdit de gâcher les miennes. Pourtant, je n’avais pas le cœur tranquille en propageant ces mêmes croyances auprès d’une nouvelle génération d’enfants. Cela maquillait le manque de progrès – il s’agissait de modeler leurs aspirations pour leur donner une forme docile, uniforme ; de modeler leurs identités pour en faire des travailleurs reconnaissants, laborieux, conscients de leur rôle social. Connaissant les limites de toute ascension.
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