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Critiques de Nathalie Rouanet (4)
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Rouge indien

Amrita Sher-Gil (1913-1941) est une artiste peintre, fille aînée d'un érudit indien Umrao Sher-Gil et d'une cantatrice hongroise Marie-Antoinette Gottesman-Baktay. Peu connue, elle fut pourtant une artiste dont on parla beaucoup à la fin des années 30 et au tout début des années 40. Elle grandit en Hongrie pendant la Première Guerre Mondiale, puis voyagea beaucoup en Inde le pays de son père et en Europe. Elle fut notamment élève d'une école d'art de Florence et de l'école des beaux-arts de Paris entre 1930 et 1934. Puis elle décida de retourner vivre en Inde et sa peinture évolua, ses inspirations occidentales et indiennes se mêlant pour créer une œuvre originale qui commença à faire parler, dans son pays d'abord.



Amrita eut une vie mouvementée, elle fit de nombreux allers-retours Europe-Inde, des voyages dans l'Inde de l'époque encore plus vaste qu'aujourd'hui car point encore partagée entre Inde et Pakistan par les volontés de l'ex-colonisateur ; elle eut une relation conflictuelle avec sa mère dès lors qu'Amrita souhaitât vivre en femme libre et indépendante ; elle eut aussi beaucoup d'amants et d'amantes, tomba enceinte et avorta. Mais surtout, elle peignit beaucoup, les petites gens d'Inde ceux qu'on ne voyait pas, des autoportraits, des portraits de ses ami-e-s...



Sur la base d'une vie pas très renseignée et suite à la découverte des toiles de l'artiste au musée d'art moderne de Delhi, Nathalie Rouanet décide de consulter les albums de famille (son père, Umrao fut un féru et un grand créateur d'autochromes), la correspondance d'Amrita et son journal et d'en faire un livre. Et pas une biographie, mais un roman, qui permet une plus grande liberté tout en restituant les éléments biographiques. Son roman est un scénario de film, avec les descriptions des lieux, des poses des personnages, des décors qui, pour beaucoup, seront les toiles d'Amrita, elles aussi décrites. J'aime bien le procédé qui donne vie à l'artiste, à ses proches et aux gens qu'elle rencontre et/ou peint. Il permet aussi de combler des trous dans la biographie avec des suppositions énoncées comme telles, des retours en arrière, différents plans, enfin tout ce qu'on trouve au cinéma. Et Nathalie Rouanet écrit joliment, son récit est alerte, vif et colle au personnage dont elle parle. Elle rend hommage à cette artiste peu connue chez nous (dont on peut lire ça et là qu'elle serait la Frida Kahlo indienne) et qui mérite qu'on aille voir ses œuvres, Internet a cela de bien qu'on peut en voir quelques unes sur certains sites, et franchement, elles donnent envie d'en voir plus et en vrai.



Nathalie Rouanet, par ailleurs traductrice en allemand, écrit là son premier roman français.



Amrita Sher-Gil est née en 1913, le 30 janvier, elle aurait eu 110 ans le jour de la sortie de ce livre chez Perspective cavalière, dans une sublime couverture. Elle est décédée à 28 ans, assez mystérieusement.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Rouge indien

Pour la quatrième publication des Éditions Perspective Cavalière, et la toute première de fait d'une auteure française, Nathalie Rouanet, direction la Hongrie pour la naissance d'une peintre, pour achever ce périple par sa mort en Inde, en passant par Paris, qui a été l'étape décisive quant à la révélation de son talent et la gestation de son oeuvre. Il est en effet question de Amrita Sher-Gil. Au-delà de son talent, issu de l'influence des maîtres Européens sur une orientation d'influence résolument indienne, le titre parle pour lui, c'est la personnalité hors du commun de la femme, totalement libre et indépendante qu'elle fut, menant une vie voulue, assumée et consumée d'un bout à l'autre, alors même que l'époque et que les sociétés dans lesquelles elle a évolué, l'Inde particulièrement, se faisaient fort de codes sociaux bien ancrés. 



Rien de mieux que les propres mots de l'auteure pour parler de son œuvre, et c'est par le biais de la maison d'édition Perspective Cavalière, que sur Twitter ou sur Instagram, de courtes présentations vidéos par Nathalie Rouanet elle-même sont disponibles. À noter que Nathalie Rouanet est traductrice, notamment de Nina Berberova et de livres d'art, déjà auteure, en allemand et français de textes en prose, de la poésie et adepte de poésie parlée, en d'autres mots, le slam. Nathalie Rouanet a découvert les peintures de Amrita Sher-Gil à l'occasion d'une visite au musée d'Art Moderne de Delhi, il y a déjà dix-sept ans de cela. Si Amrita Sher-Gil est une personnalité très confidentielle en France, en dehors de l'Inde, elle a été exposée, au moins, à Munich et à Budapest, son neveu Vivan Sundaram lui a consacré une monographie.



Peut-être sont-ce toutes les nuances de rouge jaillissant des tableaux de Amrita Sher-Gil qui ont saturé l'espace visuel de Nathalie Rouanet lorsqu'elle a pénétré dans la salle d'exposition. Peut-être sont-ce les vingt-huit ans de la courte vie de cette peintre, dont l'auteure partageait visiblement le goût pour l'Inde, et les promenades le long du Danube, l'une à Budapest, l'autre à Vienne. Si le sujet du récit de Nathalie Rouanet est remarquable, la façon dont elle le mène, sous une narration cinématographique, est à sa hauteur avec toutes les indications afférentes, faisant de la vie de Amrita Sher-Gil un véritable court-métrage animé, entre les différents va-et-vient de l'artiste-peintre et une caméra en mouvement, et très marqué visuellement, grâce aux différents plans statiques.



À mon sens, le roman des vingt-huit années de vie de Amrita Sher-Gil se divise en trois grandes parties : la première consacrée aux jeunes années de l'artiste dans sa Hongrie natale aux côtés de la famille maternelle. Vient ensuite l'exil en Inde, auprès de la famille paternelle, entrecoupée par ses années d'apprentissage à Paris où elle découvrira les maîtres et donnera ses premiers coups de pinceaux. La révélation de l'artiste et son épanouissement se fera, en effet, les années suivantes sous la lumière indienne, la richesse visuelle du pays, la besogne quotidienne de ses habitants, le vacarme de la vie. Ce qui m'a d'abord intrigué dans ce roman, ce sont ces racines hongroises et indiennes, avec la volonté d'observer dans quelle mesure chacune a pu influencer son art. Et quelle vie fut la sienne, bien trop courte, qui a pu autant marquer l'art pictural, même si la France l'a un peu mis au rancard Et, dès lors que l'on me parle de roman féministe, j'ai ma propre voix féministe qui s'éveille. Amrita Sher-Gil, de la même façon que Frida Kahlo au Mexique, a révolutionné l'art de son pays, tout comme elle a marqué l'histoire du féminisme en Inde, l'auteure le dit elle-même. 



Si l'auteur a bâti son roman autour de cette narration cinématographique, assez surprenante en première lecture, qui consiste à mettre en mouvement l'objectif de la caméra pour enfin le fixer en un ultime plan fixe, une dernière image, une photographie, un tableau. Les descriptions ne manquent pas, naturellement, pour reconstituer la vie chargée de Amrita Sher-Gil, issue d'un mariage mixteoù la placidité austro-hongrois de sa mère côtoie l'effervescence bouillonnante du pays de son père, où elle finira de passer sa vie à peindre les gens ordinaires, les anonymes qui font partie de ce grouillement incessant de bruits, de lumières et d'odeurs qui saturent l'air et la vie. L'identité de la peintre n'est pas antinomique, contrairement aux premières apparences, si l'un des côtés l'emporte et est la source de son inspiration, l'autre partie apparaît être nécessaire à sa vie intime et affective puisqu'elle épouse son cousin hongrois.



L'Inde plus qu'une origine apparaît comme une inspiration et une influence, une passion, qui vient de sa mère, la première qui s'est aventurée en Inde et y a rencontré son père. Le charme d'un orient qui a envoûté la mère aussi bien que les filles. D'une culture et d'une religion, le Sikhisme, ses gurus, qui voue à la femme un culte spécial, en la mettant au centre de tout, le fondateur du Sikhisme ayant proclamé l'égalité de la femme vis-à-vis de la femme, à l'opposé des us et coutumes de l'Europe. L'auteure a rassemblé tous les éléments qui ont fait de la peintre, la femme indépendante, libre, bien dans sa peau, douée. Nathalie Rouanet a réussi à transmettre l'aura de cette jeune femme, à laquelle personne n'a bien résisté, que l'on lit et distingue à travers les lignes. Cette vie est pictualisée grâce aux pigments de son coup de pinceau sur ses toiles, qui reflètent celle de son pays, celle des personnes, des situations, qu'elle est allée chercher au creux de chacun, de sa propre vision de ce qui l'entoure. Ce rouge, indien.



L'auteure le précise, beaucoup de questions restent sans réponse, notamment celle de sa mort à vingt-huit ans à peine. Peut-être que cela contribuera à entretenir le mythe, au moins dans son pays. Nathalie Rouanet nous a transmis l'image d'une femme parfaitement heureuse, qui s'était trouvée, qui a vécu - notamment à travers les liaisons libres et variées, et les maladies qui vont avec - comme elle l'a voulu. Et elle laisse derrière une œuvre, que j'ai pris le temps de découvrir avec cette lecture, et cette impressionnante soif et pouvoir de vivre, de jouir. Bien sûr, on peut se poser la question de savoir ce qu'elle serait devenue si elle avait survécu, jeunesse et beauté étant éphémères, dans la disparition de l'une et l'autre. Dans cette mélancolie, dont il est question. 



Je parlais de force dans mon post Instagram, et lorsque je relis les mots de Nathalie Rouanet, notamment sur les reproches émis par son père, qui étaient sans aucun doute que l'écho de la façon de penser de bien d'autres, le récit rappelle que l'Inde, c'est aussi le pays des femmes infidèles répudiées et brûlées vives, sur son mode de vie "amoral". Auxquels elle tient fièrement tête, face auxquels elle ne baisse jamais les yeux, avec cette fierté et cet amour-propre revendiqués avec fierté. Voilà le portrait d'une artiste et féministe, en partie indienne, qui a marqué son temps et son pays et que l'on redécouvre en la remettant bien volonté au Panthéon des femmes exceptionnelles.
Lien : https://tempsdelectureblog.w..
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Rouge indien

Amrita est riche d'une double culture,  hongroise par sa mère et indienne par son père. Elle a une âme d'artiste. Elle est un électron libre et mène une vie débridée sans complexe. Elle fait ce qu'elle veut et se manque complètement du qu'en dira-t-on.  Elle aime les hommes et les femmes aussi. Elle ne craint pas les scandales et les rumeurs à son sujet. Elle voyage énormément entre la Hongrie, l'Inde, l'Italie et la France.  Elle joue du piano et du violon. Elle côtoie l'école des Beaux-arts à Paris en 1929 et y fait de nombreuses rencontres. Pour Amrita l'art est sa seule boussole. Elle ne perd pas le nord. La peinture prend le dessus et elle poursuit sa vie d'artiste en Inde.

Il est vrai qu'Amrita Sher-Gil a eu une vie très courte car elle meurt brutalement à l'âge de 28 ans mais son héritage est toujours vivantet a réussi à traverser les époques même si elle n'est pas connue partout dans le monde. Elle ne peut que suciter de l'admiration et être source d'inspiration pour les femmes en Inde mais ailleurs aussi.

Le récit s'enclenche sous forme de scénario. Ce qui lui confère un certain rythme. En lisant le roman, défile sous nos yeux la vie d'Amrita comme un film de cinéma. Très original et réussi !
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Rouge indien

Née en 1913, Amrita Sher-Gil, une artiste peintre aux origines hongroises par sa mère et indienne par son père, démarre très tôt une carrière artistique dans un monde en pleine révolution et guerres (enfance durant la première Guerre Mondiale). L'auteur relate, dans un récit sous la forme d'un scénario (plan, séquence), son enfance, ses années d'apprentissage, les débuts de sa carrière d'artiste exposée dans une galerie. Les traveling nous emportent en Hongrie, Inde, France (Paris), Italie (Florence). Amrita est une éternelle amoureuse...mais comprend qu'elle a besoin de solitude pour son art.



"Elle affirme maintenant ne plus pouvoir peindre si elle est amoureuse ! Mais elle a manifestement encore besoin de ces aventures, qu'elles soient intellectuelles ou sexuelles, comme moteur se sa création. Elle ne demande rien de plus. Car depuis qu'elle a trouvé son propre langage pictural, elle sait que seul l'art peut occuper une place centrale dans sa vie. (p.116)."



Femme libre et libérée, ayant des partenaires des deux sexes avec lesquels elle vit des histoires sérieuses mais éphémères, elle finit par épouser Victor, son cousin germain, le seul homme qui accepte ne pas avoir de descendance (Amrita ne veut pas être mère, elle a d'ailleurs subit de nombreux avortements). Troublée par ses antécédents familiaux et particulièrement l'état dépressif de sa mère, Amrita est bien consciente de la fragilité de la vie et décide très tôt de consacrer son art à peindre sur le motif (ses amis ou les invisibles d'Inde).



"On prend le métro à huit heures pour se consacrer toute la matinée à la peinture des plein air dans le bois de Vincennes. (p.53)"



Elle prend comme couleur symbolique le rouge indien qui provient d'un pigment composé d’oxydes de fer naturels utilisé en Inde, un brun rouge qui apparait dans nombreux tableaux, comme dans ce portrait qu'elle fait de son ami et amant Boris, étudiant avec elle à Paris.

1941. A la fin de sa vie, Amrita habite à Lahore avec son époux Victor ; elle meurt dans son lit de fièvre et d'hémorragie sans que Victor ne parvienne à la sauver.

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Ceci est le deuxième roman que je lis des Editions Perspectives cavalière, précédemment découvertes avec le roman que je viens de lire "Le rat d'égout".



J'ai été très intéressée de découvrir cette artiste que je ne connaissais pas du tout et que j'ai, sans le lire ailleurs, tout de suite rapprochée de Frida Kahlo pour la facture de ses peintures mais aussi pour son esprit de liberté et d'indépendance.



J'ai moins apprécié la forme du roman que j'ai eu du mal à intégrer dans mon flux de lecture, néanmoins je reconnais à l'auteur une volonté d'approcher son modèle sous une forme artistique. Une belle découverte d'un artiste féminin du début du 20 siècle !






Lien : https://lecturesencontrepoin..
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