LE VOYAGE
Le voyage on le fait sur un cargo de charbon
Reste-t-il un port où l'on ne s'est pas encore battu ?
Reste-t-il une tristesse que nous n'ayons pas encore
chantée ?
L'horizon qu'on voyait chaque matin devant
Ne l'a-t-on pas vu chaque soir derrière ?
Que d'étoiles ont filé devant nous
Frôlant les eaux.
Chaque aurore n'était-elle pas le reflet
De notre grande nostalgie ?
On y va malgré tout, n'est-ce pas, on y va.
1948
p.91