Ce livre questionne l’impact des processus migratoires sur le genre : comment le départ de certaines personnes à l’étranger modifie-t-il les rapports de pouvoir entre les hommes et les femmes dans la société de départ. De quelle façon les positions des migrantes sur leur nouveau lieu d’installation, d’une part, auprès de celles et ceux qui sont restés au pays, d’autre part, se négocient-elles ? La mobilité géographique donne-t-elle lieu à une redéfinition des catégories sociales « hommes » et « femmes » ?
Sommaire :
1 – Le genre, une question de lieu ?
A – « Territoire d’hommes », « territoires de femmes », le silence des anthropologues
B – Les manifestations de la division sexuelle de l’espace à Bamako
C – La division sexuelle de l’espace en France
D – Les « pratiques localisées »
2 – Migrer au féminin, ou la redistribution de la main-d’oeuvre
E – Le principal motif de la mobilité géographique féminine
F – La mobilité géographique des fillettes et des jeunes filles
G – La circulation des « improductives »
3 – Migrantes maliennes en France, l’ambiguïté d’une position
H – Les ambiguïtés de la position d’« accompagnatrice »
I – Entre rupture et continuité
J – Migrantes, une position sociale localisée
Danièle Kergoat décrit l’émancipation comme un processus qui aboutit à la prise de conscience par les femmes que leur position sociale est le produit d’un rapport social susceptible d’être modifié ; une prise de conscience qui ne peut se faire, selon cette auteure que dans un cadre collectif
la position sociale en tant qu’immigré·e est analysée à partir des dynamiques sociales dans le pays de départ, et le statut d’immigré·e examiné à partir du lieu d’installation, sans que ces deux « facettes d’une même personnalité » soient prise en compte conjointement sur les deux terrains
Le choix de parler tout au long de ce livre de négociations de positions sociales n’est donc pas anodin et résulte de la volonté d’insister sur la perception des rapports de genre comme un processus de dominations, de résistances et d’accommodements toujours révisés
La division sexuelle de l’espace bamakois se manifeste d’abord par la concentration des femmes sur les marchés alimentaires. Les femmes y sont beaucoup plus nombreuses que les hommes, à la fois comme commerçantes et comme clientes
la question des rapports de pouvoir que reflète et produit cette distribution de l’espace entre les sexes, et son entrecroisement avec d’autres divisions sociales et spatiales
Les logiques sexuées des mobilités géographiques sont étroitement liées à la division sexuelle du travail au sein des unités domestiques
La représentation de l’intérieur comme « territoire féminin » est donc illusoire