Elle avait lu ce genre de scènes dans les romans d’amour qu’elle dévorait : la timide jeune femme était instantanément attirée par l’homme autoritaire. C’était un jeu de séduction sur lequel elle fantasmait tout en sachant que cela ne lui arriverait jamais. Si ces romans étaient appelés des fictions, il devait bien y avoir une raison.Et pourtant, elle était là, debout face à un homme qu’elle ne connaissait pas, et qui la dévorait des yeux sans soulever en elle la moindre protestation. Elle aimait cela. Et lorsqu’elle croisa son regard, ce qu’elle y lut la fit chanceler. C’était du désir. De la passion. De la luxure. Un désir comme elle n’en avait jamais vu dans les yeux d’aucun homme.
Elle était célibataire malgré elle. Elle vivait sa vie sexuelle par procuration, à travers des romans érotiques, et brûlait que quelque chose vienne égayer sa triste vie. Quelque chose comme cet excitant interlude qui pouvait lui redonner de l’assurance et l’inciter à aller de l’avant pour trouver l’homme idéal.En plongeant dans les incroyables prunelles azur de l’inconnu, elle se demanda si son karma ne venait pas de lui envoyer le signal dont elle avait besoin.
Elle était tellement hautaine, tellement polie, tellement désapprobatrice, qu’il ne pouvait s’empêcher de la taquiner gentiment.Sans vouloir trop s’avancer, il devinait quel genre de femme elle était. Elle devait porter des vêtements classiques, avoir des opinions conservatrices. Une vie bien rangée. Il avait pensé tout d’abord qu’elle avait un mari tout aussi réservé qu’elle, des enfants bien élevés, et qu’elle tricotait à l’heure du déjeuner.
Jamais elle ne couchait avec un homme pour le plaisir. Elle pouvait d’ailleurs compter sur les doigts d’une main ses expériences sexuelles tant elles avaient été insignifiantes. Elle ne croyait pas aux aventures d’un soir. Pas plus qu’elle n’imaginait que l’on puisse faire l’amour debout dans un entrepôt avec un bel inconnu.
Il n’avait pas signé. Ce n’était pas nécessaire. Les êtres supérieurs venus d’une autre planète étaient au-dessus du reste des mortels.Alexander Bronson allait venir ici, demain, en chair et en os, pour la torturer. La tourmenter. Se jouer d’elle.
Une pensée fugace vint s’insinuer dans la brume de son désir : une femme pouvait-elle jouir avec un simple baiser ? Scientifiquement, cela lui paraissait impossible, mais celui-ci la faisait tellement trembler qu’elle ne savait plus qu’en penser.
Elle le connaissait à peine mais elle se sentait en sécurité avec lui, comme jamais elle ne l’aurait cru possible. D’ordinaire, il lui fallait des siècles avant de se lier avec les gens, ce qui expliquait pourquoi elle avait aussi peu d’amis.
Pourtant, la façon dont Tanner m'étreignait, comme s'il ne voulait plus jamais me laisser partir, me donnait l'impression d'être ... très précieuse.
Un sentiment très dangereux avec un homme comme lui.