Sur le quai, deux hommes nettoyaient d'énormes tonnes qui empestaient le soufre et la lie. L'odeur de melon n'est bien sûr pas la seule qu'on respire à Belgrade. Il y en a d'autres, aussi préoccupantes : odeurs d'huile lourde et de savon noir, odeurs de choux, odeurs de merde. C'était inévitable : la ville était comme une blessure qui doit couler et puer pour guérir, et son sang robuste paraissait de taille à cicatriser n'importe quoi