On m’a donné le prénom des enfants incroyables, de ceux qui sont une promesse de vie opiniâtre, des poids plume à la naissance, aussi flasques qu’un rôti cru, sans ficelle ni barde et qui feront suer leur monde toute leur vie, assidus comme la pluie, fidèles au lever de chaque jour, corrosifs, pas possibles, increvables. Moi.
Moi, parce que ma mère avait ri dans ses larmes à l’annonce d’un fils. Moi pour ne pas dire franchement Isaac, une sorte de référence douce, un clin d’œil biblique. Non pas. C’était la Bible. Quelque chose de messianique est venu sourdre et gaver l’air d’une odeur prégnante d’épandage. Quelque chose a secoué l’espace, ici à Gien, où rien n’a jamais fait écho que les bombes de 40.