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EAN : 9782953608335
131 pages
Les Doigts dans la Prose (01/03/2012)
4.67/5   3 notes
Résumé :
Il s’appelle Dachau. Dachau face à Dachau : la mémoire sanctuaire et le dernier moulin du siècle passé. Dachau est un Quichotte accidentel, un picaro péteux, un prophète nu qui pousse l’obstination imbécile jusqu’aux limites du jugement acceptable, de Gien à l’inexorable profanation : Dachau encore… et plus jamais.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
De quoi le prénom Dachau peut-il être le nom ? 130 pages échevelées et fortes pour y répondre.

Publié en 2012 aux Doigts dans la Prose, ce premier texte de Nicolas le Golvan, paru six mois avant son roman « Reste l'été » chez Flammarion, porte, sous des dehors d'abord gouailleurs, la marque des grandes oeuvres.

En 130 pages échevelées, voici donc la naissance, l'enfance et l'adolescence d'un mystérieux jeune homme, né à Gien d'un couple âgé, après le passage de trois sordides rois mages, que la crainte de leur retour vérificateur, promis pour l'année suivant la conception, contraint ses parents à prénommer Dachau.

Si le flot de l'écriture magnifique, tour à tour drôle, incisive et curieusement poétique, engloutit en effet, comme cela a été joliment dit par ailleurs, une étonnante anti-éducation sentimentale où une vieille dame indigne à force d'être trop digne, une petite amie ignorante et une routarde salvatrice se relaient pour faire de Dachau ce qu'il doit devenir, il est surtout mis au service, culminant dans un final hallucinant, d'une mise en perspective rageuse et audacieuse du devoir de mémoire du génocide, de sa récupération marchande, de ses cycles parfois impensables, associant selon la conjoncture ou la marche du temps, oubli et ignorance, négation perverse, culpabilité collective impossible à racheter, ou bien disneylandisation.

Cherchant avec fougue le sens de sa vie et de son nom, le jeune Arbamafra permet à Nicolas le Golvan de nous donner un texte qui résonne fort, entre formules qui valent beaucoup plus que leur emporte-pièce apparent et réflexions hautes en couleurs sur un devenir mémoriel bien incertain.

Création purement littéraire qui pense pourtant savamment l'horreur, voici un texte qui vient aussi télescoper presque joyeusement les excellents « Kinderzimmer » de Valentine Goby et « Nos yeux maudits » de David M. Thomas, qui résonne avec les impensables images, d'une paisible noirceur, du « Week-end à Oswiecim » de Patrick Imbert, et qui pourrait s'insérer aisément dans le piège narratif total construit par Paul Verhaeghen avec son énorme « Oméga mineur ».
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Fais attention, Sancho, à ne pas mâcher des deux côtés à la fois, et à n'éructer devant personne.

- Je n'entends pas, dit Sancho, ce mot d'éructer » (Cervantès, Don Quichotte, Partie II, chapitre XLIII ; citation liminaire du récit).

Et il va pourtant falloir l'entendre, cette éructation de Dachau, ce rot-rire corrosif, ce vomissement de paroles à la destinée incontrôlable !

Dachau Arbamafra est un anti-roman initiatique : on y suivra l'éducation et le destin ubuesque d'un enfant né au mépris de toutes les conventions sociales, porté comme un hématome par une « presque vieille », nommé contre la raison (« le mal absolu est intenable. [..] le mal est voué au néant, Dachau ne pouvait pas durer. A peine avais-je entendu ce nom – on verra comment et par qui- que je décidai de m'en emparer, puisqu'on me le laissait à moi, abruti, nu et niais »), grandi à Thou (lui qui n'est rien) malgré les précautions prises pour qu'il n'existe pas (ou plutôt : qu'il cesse d'exister, que l'aberration imbécile s'arrête d'elle-même), toisant le néant où on voudrait le confiner, lui, l'étrangeté terrible, l'« idiosyncrasie messianique », l'indigne d'éloges (ce n'est pas faute de crier « louez-moi ! »), l'incarnation de la transgression ricanante («Dachau veut dire Je te désire »).

La suite par ici :
Lien : http://www.delitteris.com/au..
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N'attendez pas, à travers ce premier récit de le Golvan, d'y trouver les remugles révisionnistes ou négationnistes -très "tendance" en cette rentrée littéraire- d'un novice en quête de reconnaissance, comme pourrait le laisser penser une quatrième de couverture à la fois percutante, provocatrice et judicieusement choisie par l'éditeur . Dachau Arbamafra, c'est le nom du personnage,qui reçoit cette identité comme un tatouage à vie et qui sera nécessairement poussé à se rendre en ce lieu devenu parc d'attraction mémoriel. Rien n'aurait pu être renié, dans ce récit lucide,par un Primo Levi qui pressentait déjà l'imposture à venir, sans en prévoir la caricature -comme la lubie de politiques voulant faire endosser cette mémoire par de jeunes enfants...-Le style est rabelaisien, jubilatoire,foutraque en diable ; Le Golvan sait tout écrire (il a su le montrer chez Flammarion, en cette rentrée littéraire). Bienvenue dans le Disneyland de la mémoire...avant d'en ressortir à coups de plombs dans les fesses...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Peu de correctifs visibles pour les textes qui comptent et qui fondent. Où sont donc les brouillons de la Bible, du Coran ? C’est là la limite entre le bouquin sacré et le pavé profane. Le second n’a pas honte de s’être édifié sur l’erreur, la reprise, le recyclage, le moche des ratures, l’humiliation du correcteur orthographique et la furie esclavagiste de l’éditeur. C’en est même sa fierté, sa patte et sa puissance révocatrice. Le roman profane est un monde de portes soigneusement fermées une à une, où l’auteur se retranche dans l’espoir d’une visite. Rien de spécialement modeste mais au contraire, un acte ostensible d’automutilation, une déviance sociale et une pure émanation de la psychanalyse.
Mais rien de tout cela ici, naturellement.
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Je suis un aplat gigantesque de culture généraliste, une aridité savante. J’ai le syndrome Wikipedia, où tout vaut tout, Proust et Prince, l’holocauste et le low cost, la Shoa et l’Axoa (de veau), une poésie frontale et abrutie, l’ivresse dans sa nature non rimbaldienne, mais bien dans la mixture des rendus.
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On m’a donné le prénom des enfants incroyables, de ceux qui sont une promesse de vie opiniâtre, des poids plume à la naissance, aussi flasques qu’un rôti cru, sans ficelle ni barde et qui feront suer leur monde toute leur vie, assidus comme la pluie, fidèles au lever de chaque jour, corrosifs, pas possibles, increvables. Moi.

Moi, parce que ma mère avait ri dans ses larmes à l’annonce d’un fils. Moi pour ne pas dire franchement Isaac, une sorte de référence douce, un clin d’œil biblique. Non pas. C’était la Bible. Quelque chose de messianique est venu sourdre et gaver l’air d’une odeur prégnante d’épandage. Quelque chose a secoué l’espace, ici à Gien, où rien n’a jamais fait écho que les bombes de 40.
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Justement, ce soir-là, ils étaient venus à trois, des étrangers, trois jeunes branleurs frappant à la porte postformée du pavillon de chez moi. Ils étaient trois et sont entrés par-dessus le paillasson. L’homme sage les a accueillis en résignation, espérant éteindre ce feu monstrueux qui les avait poussés chez lui sans hasard. Il connaît bien cette énergie qui roule les abrutis terreux, comme le bousier sa boule, jusque chez le vieux et sa femme, presque aussi vieille.
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Vidéo de Nicolas Le Golvan
Rentrée Littéraire Flammarion 2012 - Conférence avec Nicolas le Golvan .Conférence avec Nicolas le Golvan pour la sortie de son livre, Reste l'été.
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