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Citations de Nicolas Leclerc (73)


Bruno se penche sur les piles de livres qui entourent la tête de lit à la manière d'une arche. Lectures variées et mélangées : Robin Hobb, Virginie Despentes, Neil
Gaiman, Gillian Flynn, Margaret Atwood, Orson Scott Card, les soeurs Brontë, Stephen King, Robert Louis Stevenson, Aldous Huxley ou Stefan Zweig.

- II y a plus de livres ici que dans tout Ie reste de la maison, note-t-il.

- Une ado avec une fibre artistique pareille, elle a certainement des envies d'ailleurs. Elle ne devait pas se sentir très a sa place ici.

- C'est-a-dire ?

- C'est-a-dire que cette soif de culture, de découverte, ce n'est pas dans un village de montagne qu'elle va la satisfaire.

- Merci pour les bouseux et les préjugés ! C’est pas Délivrance non plus, ici, bougonne Bruno.

Norah ne relève pas et poursuit son raisonnement :

- Les centres d'intérêt de Fanny ne collent pas avec ceux de son environnement. Elle se sent a l’étroit, coincée. Ce doit être tres frustrant, a 17 ans, d'être bloquée chez ses parents alors que l'aventure vous appelle.. .
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- Pas très populaires, par ici, les Parrisot - je me trompe ? commente Norah.

- Pas beaucoup, non. Entre le frère conseiller municipal et blindé de thune et Damien qui a fait les quatre cents coups dans sa jeunesse et dont beaucoup trouvent le parc canin sale et bruyant, on ne peut pas dire qu'ils attirent la sympathie.

- Va falloir faire attention à ce que ça ne parte pas en couilles. Avec la tension qu'il y a, il ne faudrait pas grand-chose pour que les esprits s'échauffent.

Bruno hoche la tête et grimpe dans la 5008, direction le camping.

Une vallée si paisible. Un lac placide. Comme une flaque d'essence qu'une allumette suffîrait à embraser.
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— Je pensais terminer ma carrière assez tranquillement... On est plutôt privilégiés, dans nos montagnes. La vie est un peu rude en hiver, mais tellement douce. -

- Personne n'est à l'abri, Bruno.

- Vous arrivez à décrocher, le soir, avec tout ce que vous voyez ?

- Plus ou moins. Je ne vais pas vous mentir : faire face a un bébé cramé au chalumeau ou à un attentat à la Kalachnikov, personne n'est assez résistant.

Bruno tousse la fumée au goût écœurant.

- Vous avez déjà.. . ?

- Oui. J'ai déjà eu ce genre de trucs. Et tant d'autres.

- Bon sang !... Vous avez quel âge ?

-35.

- Vous avez eu combien de vies ?

Elle sourit.

- Quelques-unes... Je n’ai pas encore tout épuisé.

- Vous étiez hyper jeune quand vous avez intégré le GIGN. Ils ne prennent pas beaucoup de femmes - je me trompe ?

— Je suis entrée à 25 ans, on était trois, sur deux cent cinquante.
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Le film de leur vie défile chaque nuit, pour elle seule. Les couleurs sont encore vives, les visages lumineux. Elle n’a qu’une peur : que la pellicule casse, que la bobine s’enflamme. Qu’avec le temps sa mémoire s’altère, qu’elle déforme et oublie des moments capitaux. Que sa famille ne soit plus qu’une image figée dans la brume. Des silhouettes lointaines. Que les petits bonheurs de sa jeunesse s’effacent et ne laissent qu’une terre brûlée sans aucune racine.
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Maïa était interne au lycée, et pendant les vacances elle se gérait très bien toute seule, elle avait une mobylette, un compte en banque, se faisait livrer ses courses. Et ça lui allait très bien comme ça, elle ne voulait pas de sa mère dans ses pattes. Putain, tu te rends compte !

Alors que moi, c'est « Fanny, va mettre la table », « Fanny, tes devoirs », « Fanny, occupe toi de tes frères », « Fanny, va étendre le linge », « Tu passeras l'aspirateur à l'étage samedi, ma puce, j’ai des rendez-vous imprévus ». Tu as déjà réfléchi, maman, à la charge et aux responsabilités que vous me déléguiez (contrairement aux garçons, d’ailleurs, même quand j’avais leur âge, si je peux me permettre.) ?
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- Je suis passée par le GIGN avant la SR, je suis un peu blindée... Mais une affaire pareille, c'est pas tous les jours.

Bruno termine sa cigarette en silence. Des femmes qui entrent au GIGN, il n’y en a pas des camions. Surtout de l'âge et la carrure de celle-ci. Il est plutôt intrigué. Norah le dévisage.

- Vous avez noté la même chose que moi, j'imagine ?

Il capte son regard, incisif. Elle le jauge. Elle le juge. Elle l'agace. Il ne se départ pas de sa placidité de façade.

- La chambre de Fanny ?

- La chambre de Fanny.

- Pas une trace de sang.
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Et comme ils s'étaient débarrassés de leurs téléphones en quittant le Jura, pas moyen de tuer le temps en surfant sur les réseaux. C'était le deal : on laisse tout derrière ; aucune trace.

Depuis qu'elle n’a plus de portable, Fanny réalise l'ampleur de l’addiction, et donc du manque, que représentent ces appareils, la connexion permanente, les sollicitations incessantes.

En être privés a sérieusement entamé le moral de la petite bande, même si la détermination reste intacte. Maïa y veille, galvanise ses troupes. Il est nécessaire d'en passer par là.
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Ça me fait bizarre de quitter les montagnes, tous ces souvenirs. De vous quitter, aussi. Mais je vous emporte avec moi. Je sais que vous êtes à mes côtés. Les cauchemars sont toujours là. Ils ne partiront jamais.

J’apprends à vivre avec. Ma nouvelle psy m'aide à vivre. Au jour le jour. Ça ne se fait pas sans mal, mais au moins j'avance. Pas à pas. L'avenir ne me fait pas peur. Que peut-il m'arriver de pire ? Ma vie d'avant est terminée, il me faut à présent l'écrire avec mes mots, mes envies. Mon avenir est une gigantesque page blanche, à moi de la remplir pour qu'elle en vaille la peine.
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— Je suis la seule qui reste, chuchote-t-elle.

Elle a tant prié pour être débarrassée de sa famille...

Elle n'aurait pas soupçonné un instant que ses souhaits pourraient être exaucés, et qu'elle ne les reverrait plus jamais.
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La neige fond à vue d’œil, l’eau ruisselle sur les bords du chemin. L’étang est encore gelé, mais la glace se fissure par endroits. Le vent du nord siffle entre les cimes des épicéas et s’écrase contre les falaises à vif. La forêt, engourdie sous les couches de neige tassée, attend les premiers rayons du printemps pour renaître et embaumer les plateaux.
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ON NE TUE JAMAIS PAR AMOUR

En vérité, au-delà du message, ça faisait un bien fou de hurler, de laisser s'exprimer la rage et la révolte. De s'afficher.

Je pense que la proviseure a laissé couler. Qu'elle savait qui était à l’origine des collages. Elle a fait nettoyer à chaque fois, mais personne ne nous est tombé dessus. Une forme de tolérance.

Aucune punition, donc, mais elle nous a envoyé une émissaire. La documentaliste, Mme Guinchard, est venue nous trouver, moi et Maïa, un midi où on bouquinait au
CDI (on adore Mme Guinchard et sa passion sans bornes pour la BD et les polars français). Elle n’y est pas allée par quatre chemins. Elle nous a proposé son aide pour monter des projets plus structurés, former une association féministe, communiquer plus directement, agir. La direction du lycée voyait d'un œil favorable l’engagement d'une poignée d'élèves et était prête à mettre une salle à disposition, Des panneaux d'affichage, où chacune pourrait s'exprimer librement. Un lieu de rencontre et de discussion.

On en a débattu. Ça signifiait stopper les collages, entrer dans une action « cadrée » et officielle, peut-être plus consensuelle. Mais aussi avoir une chance de peser réellement dans la balance, de faire entendre nos voix, de dialoguer avec l’administration pour essayer défaire bouger les lignes. Et de créer un lieu pour accueillir et aider certaines lycéennes en détresse, sans les adultes, et de manière anonyme et bienveillante. On a accepté, et le collectif est né : Les Affranchies.
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La réalité s'efface et son esprit s'envole au-delà de l'hôtel, de la plage, de la Crête. Des rêves de voyage. D'Asie, d'Afrique, d'Amérique. Des grands espaces. Des lacs et des montagnes, le désert, le silence. Des langues inconnues. Des saveurs et des odeurs. Pas le cocon douillet et illusoire d'un quatre-étoiles refermé sur lui-même. L'authenticité. Voilà ce qui lui manque. Sincérité. Spontanéité. Franchise. Naturel. Bienveillance. Douceur. Envie. Passion. Compassion. Honnêteté. Partage. Liberté.
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Une vallée si paisible. Un lac placide. Comme une flaque d’essence qu’une allumette suffirait à embraser.
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Personne ne pensait se lancer à la mer dans ces cercueils flottants. Et pourtant pas un ne recule. Quand on est arrivé là, rien ne peut être pire que les épreuves déjà traversées.
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(Bruno) toque à la chambre de Lucas, sans succès. Il ouvre la porte en grand, ferme les yeux et pince le nez face aux effluves adolescents. Va falloir aérer, et te bouger un peu...

Grognements agacés.

- Je dois sortir. Y a ce qu'il faut au frigo pour midi. Emmitouflé dans sa couette malgré la chaleur, sous ses posters géants de Zelda et Assassin's Creed, Lucas lève à peine vers lui des yeux collés de fatigue, hermétique aux paroles de son père. Bruno soupire. Las de tenter de motiver son fils à chercher un boulot d'été, à se remuer, à se prendre en main. Il abdique, comme toujours. Pas la force. Ça fait trop longtemps qu'il a baissé les bras, qu'il fuit son foyer en s'enfermant dans le boulot.
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Samuel se montre impuissant à réconforter sa tante avec des mots, ou des gestes, et reste planté là, face à sa détresse. Rien de ce qu’il pourra dire ne changera les choses. Claude fixe la sépulture, hagard, ne lui apporte aucun soutien : il est rongé par la culpabilité, se sent responsable. Mais il sait que quelqu’un a tué Simon pour un paquet de pognon. Lui et Samuel peuvent cristalliser leur rage sur un ennemi. Catherine, elle n’a rien pour évacuer sa souffrance : Simon s’est tué tout seul, parce qu’il roulait trop vite, parce qu’il se pensait invincible. Le seul substitut qu’elle ait sous la main, c’est Samuel, c’est la ferme de Hautecombe. Alors Samuel rentre la tête dans les épaules et encaisse les reproches muets, affronte seul le visage supplicié de sa tante. Les minutes s’égrènent, la bise hurle entre les stèles. Personne ne bouge
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Le fossé entre les plus aisés et les laissés-pour-compte se creuse d'année en année, et les pompiers ramassent les morceaux, décrochent les pendus, extraient les alcoolos de leurs voitures broyées.
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Les clients pressés de massent devant les portes automatiques pour être les premiers à fouler du chariot les rayons de pâtes ou de fromage, la vie reprend ses droits pour une nouvelle journée d’achats effrénés.
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ette vision, cette sensation. Ça, c’était nouveau. Une crise d’angoisse ? L’haptophobie qui l’assaille sous une forme inconnue ? Les couleurs qui ondulent, la chaleur qui se répand dans son corps. Perd-elle la raison ? Finira-t-elle comme sa grand-mère ?

Cette silhouette, ces cheveux.

Des sensations inédites qu’elle ne peut pas expliquer, qu’elle n’arrive pas à comprendre.
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Bruno esquisse un sourire mélancolique.
- heureusement, j'ai obtenu ma mutation assez facilement, et j'ai construit toute ma carrière ici. Je la finirai ici. Avec Clara.
Norah n'intervient pas, consciente de la rareté de l'instant, qui voit le gendarme livrer une partie douloureuse de son intimité. Elle sait que ce n'est pas dans ses habitudes.

p 268/269
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