« Mein Führer,
Il m'est agréable de vous offrir un souvenir de Moscou: la momie du camarade Lénine, que des populations abruties venaient adorer sur la place Rouge.
Ce Lénine, l'Allemagne l'avait envoyé aux Russes dans un wagon plombé. L'équité commande que son cadavre revienne à l'Allemagne.
Je dois toutefois vous confesser un petit malheur: nos soldats ont pissé dessus. J'ai réparé les dégâts comme j'ai pu. Il serait bon de l'entreposer dès l'arrivée dans une glacière.
Avec mes respects.
Heinz Guderian. »
Le général Warlimont sort, interroge le ciel. La nuit est claire, presque tiède. Un vent léger caresse les pins et les bouleaux de la Prusse orientale. Là-bas, dans la forêt, on croirait entendre une chouette roucoulant sa chanson d'amour.
La nuit est grosse de signes et de prodiges.
Lettre d'Henry Miller à Lawrence Durrell, au sujet de Hitler
« Il faut absolument que quelqu'un le fasse rire, ou nous sommes tous perdus. »
CHURCHILL
Il est permis d'avoir des sentiments successifs. Il n'est pas permis d'avoir des sentiments contradictoires.
« Tu me reconnais, Staline ?
- Ma foi non.
- Je suis Allilouieva. Ta femme.
- Ma seconde épouse, corrige-t-il. Tu n’as rien à faire ici. »
Allilouieva, épousée à dix-huit ans, alors qu’il en avait quarante. Morte à trente et un ans.
« Joseph, tu m’as tuée.
- Mais non, tu t’es suicidée, idiote. »
Après avoir gagné la guerre, Bismarck perd la paix. Il pense que, pour des raisons linguistiques, d’ailleurs en partie erronées, l’Alsace et une fraction de la Lorraine ont leur place naturelle dans l’empire allemand. Que la blessure française se cicatrisera. Et que, de toute façon, la France républicaine ne trouvera aucun allié dans l’Europe monarchique. Triple bévue.
« La France, c’est comme la Russie, explique Hitler. Si nous la blessons sans la tuer, elle ne pensera plus qu’à sa revanche. Souvenez-vous : 1871, 1914. Elle se préparera en silence et nous sautera à la gorge. Bismarck a commis une lourde erreur, en la laissant presque intacte.
Sans 1870, pas de 1914. Sans 1914, pas de 1939. Les conflits mondiaux auraient fait place à des conflits exotiques entre Britanniques et Russes, ou à une guerre navale anglo-allemande. La France se serait tenue tranquille dans son coin.
Oui, c’est une nouvelle croisade qui commence. Bon point pour délivrer le tombeau du juif Jésus - ridicule aventure. Mais pour libérer l’Est européen de la barbarie bolchevique. Pour écraser l’horrible bête aux yeux rouges.
A nous deux, Staline ! Tu vas rendre gorge. As-tu lu Mein Kampf ? Non bien sûr. Car si ta gourmandise est énorme, ta cervelle est petite. Si tu l’avais lu, tu saurais que depuis l’origine, la conquête de ton ignoble empire est le but principal du national-socialisme.
Le Japon joue aujourd’hui son avenir. Étant le moins fort des deux adversaires, il doit infliger à l’autre, d’emblée, une grave blessure. S’il manque son coup, son destin est scellé.
Car il n’y a pas d’illusions à se faire sur l’économie japonaise. Le pays est encore rural, la moitié des habitants y vivent d’agriculture. En face, la machine industrielle américaine mettra peut-être un an à atteindre son plein rendement ; mais quand elle l’aura atteint...