Vas-y. Goûte-moi ça.
Patrick avance timidement la main. Son cœur bat à grands coups. Les grains renflés, parfaits, ont une couleur pourpre. Sous sa paume, ils roulent comme de la soie.
— C’est une variété très ancienne, un blé qu’on cultivait autrefois sur les collines de Haute-Provence. Un vieil ami me les a laissées en héritage. C’est lui qui m’a tout appris de la vraie nature. Oui, la vraie. Pas celle qui a été transformée, voire défigurée pour être plus précis.
Patrick hoche la tête en signe d’approbation, conscient de la valeur de l’offrande. Seul un paysan peut comprendre. La honte l’envahit. Il s’est laissé manipuler par ces guignols de chez Sacramento et consorts avec leurs cochonneries hybrides et, comme tant d’autres, il leur a laissé le champ libre, c’est le cas de le dire.