— C'est ce que je veux dire : tout porte à croire qu'il a disparu. Et si tout cela n'était qu'une apparence, un décor ? Et si nous étions les jouets de quelque chose de plus vaste plutôt que les victimes d'une simple disparition ? Et si tous ces gens étaient liés ? Et s'ils étaient en train de nous observer comme des rats dans une cage ? Et si nous étions dans un appartement dont le décor a été conçu par quelques-uns - Cédric, Maria, Rosemeir... et d'autres sans doute - Complotant pour nous plumer ?
Comme absorbé par les mouvements extérieurs, Nils s'imprègne de l'interrogation de son associé.
— Ce serait énorme - répond-il après un long silence - Maria avait l'air réellement choquée par la disparition de Cédric. Elle n'aurait pas pu jouer aussi bien, aussi fort si c'était une mise en scène. Ils n'auraient tout de même pas tant fait souffrir Pedro pour crédibiliser un tel scénario, si ?
— Je n'en sais rien - Reprend Ilian - mais je pense que nous ne devons pas exclure cette hypothèse.
Au fond, en tant qu'individu, ce petit n'existe pour personne. Abandonné par tout le monde, il n'a jamais été, pour son déficient entourage, que la représentation de quelque chose : jouet, dérivatif, prétexte, conséquence non désirée d'un moment d'égarement, embarras, problème, obstacle...
L'étranger qui découvre le Brésil réalise assez vite que les distances et les superficies sont des notions très relatives, sans aucun rapport avec les standards occidentaux, et qu'il vaut mieux être patient lorsqu’on doit se déplacer par voie terrestre.
Peut-être étaient-ils passés à côté de certains signes imperceptibles d'un état psychologique délabré, peut-être n'avaient-ils pas entendu certains craquements, certains sanglots intérieurs ?
Des putes au désarmement en passant par l'artichaut breton, une vraie démonstration d'éclectisme.