Nicole Barromé

Le livre de Nicole Barromé se boit à petites gorgées nostalgiques...

Retraçant les jours perdus d'une vieille dame et son lien au présent incarné par une icône du petit écran (PPDA), ce joli livre, délicatement illustré par Mia T., formée aux beaux arts de Montpellier, se veut pudique et tendre, à l'image de cette femme au passé coloré.

Un hommage délicat, sous une plume simple et directe, à ces personnes qui, seules dans la chambre de leurs souvenirs, revivent inlassablement les évènements de leur passé, la magie d'une rencontre, les joies d'une naissance, la douleur de la perte d'un être aimé...

Un condensé tendre et émouvant pour un livre bien trop méconnu.
Lien : http://art-enciel.over-blog...

Deux lectures pour ce recueil de poèmes sont possibles, une à éviter et une exigeante. La lecture au premier degré, uniquement attachée à ce qui est dit et évoqué dans le texte, risque rapidement de lasser, voire de déplaire. Les amateurs d’érotisme et de suggestions croustillantes trouveront leur bonheur dans quelques jolies tournures mais finalement assez redondantes. Mais, la thématique n’est pas le sujet premier et sert plutôt de prétexte au véritable objectif du recueil. La seconde lecture, celle qui s’accroche sur le style et sur l’écriture, est plus exigeante et plus complexe, tout en apportant plus de plaisirs et d’intérêt à l’exercice.

Car ce recueil est construit sous le forme d’un véritable exercice de style, travaillant sur les allitérations et les assonances internes à chaque vers. A partir d’un abécédaire, illustré admirablement par Jérémie Robert, Nicole Barromé écrit un poème par lettre de l’alphabet en jouant sur la musicalité et les sonorités des mots et des lettres de la langue française. Avec une maîtrise savante de l’écriture poétique, ce n’est pas sans rappeler les expérimentations de l’OuLiPo que l’auteur travaille et produit ces poèmes. Malgré tout, certains laissent apparaître une sensation d’artificielle, de contrainte dans la réalisation qui gâche un peu l’effet rendu.

Pour ma part, j’ai été gêné par l’orientation, volontaire ou non, très érotique des évocations du texte, contredisant, et même parfois effaçant, l’objectif littéraire de l’œuvre. En cherchant bien, on peut quand même trouver un écho entre les effets sonores provoqués par les allitérations et assonances et les troubles d’une relation amoureuse. En ce sens, le sous-titre en page sept, « jeu d’abécédaire aux orbes troubles » fait effet d’annonce du projet littéraire à l’œuvre dans le recueil.

Avec un objectif plutôt intéressant et intriguant sur le plan expérimental, à mon goût, la réalisation pêche un peu en voulant mêler sensualité, amour et exercices littéraires. On sort finalement de cette lecture indécis.