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5/5 (sur 2 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Ninon Grangé, ancienne élève de l’École Normale Supérieure, agrégée et docteur en philosophie, est maître de conférences en philosophie politique à l’université de Paris 8. Sa recherche porte sur les définitions philosophiques de la guerre, sur la comparaison entre guerre et guerre civile, et plus généralement sur les représentations collectives sous-jacentes au politique dans un contexte de crise. Dans cette perspective, elle envisage des notions communément assignées au domaine du droit pour les reprendre dans une réflexion philosophique, il en est ainsi de la belligérance et de la régularité. Elle a publié De la guerre civile, Armand Colin, 2009.

Source : www.laviedesidees.fr
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Citations et extraits (6) Ajouter une citation
La « guerre vraiment guerre », c’est ainsi que Platon invite à penser la stasis. Dans Les Lois, au livre I, la stasis, mot traduit d’ordinaire par tous les substantifs décrivant la discorde intérieure (le plus souvent guerre civile, mais aussi sédition, insurrection, révolution), est dite « la plus grande guerre ». Tout le début du dialogue joue sur la comparaison entre polemos et stasis, cette dernière étant reconnue comme la plus pénible, la plus dangereuse, la plus révélatrice du courage et donc digne d’intéresser le législateur ; le jeu est impossible à rendre en français qui utilise deux fois le mot « guerre ». Dans tout le passage, polemos devient peu à peu le terme référent abstrait pour distinguer la stasis de la guerre contre des étrangers ; la stasis est en quelque sorte plus « guerre » que polemos, elle est une « guerre vraiment guerre », une plus-que-polemos. Comment se fait-il que la tradition philosophique ait ignoré ce qui passait pour la guerre par excellence, la guerre intérieure ?
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Rome est une héritière infidèle, quant à la guerre civile. Au moment même où toute la culture romaine s’imprègne des lettres grecques, où elle fait sienne cette culture vaincue, elle abandonne irrémédiablement la notion de stasis. C’est en grande partie pour comprendre cet oubli volontaire, cette ignorance, cet abandon d’une notion et d’une réalité, que ce livre a été entrepris. Non pas dans une perspective historique ou d’histoire des idées, mais bien parce que, nous-mêmes, héritiers de Rome et d’une bonne partie de ses concepts juridiques et politiques, avons emboîté le pas de la Ville pour ne jamais revenir sur ce qui pourrait être stasis. Qu’avons-nous oublié, comme les Romains l’ont fait, en n’appelant plus aucun événement stasis ? Pourquoi les Romains ont-ils préféré, eux qui furent en proie aux guerres internes au point d’en faire le fléau principal auquel l’Urbs était continûment exposée, forger de nouvelles expressions, de nouveaux concepts ? Certes, une hypothèse facile et probable est que la réalité de la stasis grecque ne correspondait pas au contexte politique de Rome, profondément différent de ce qui avait cours dans les cotés grecques indépendantes ou semi-indépendantes. Pourtant, je soupçonne que quelque chose se joue, crucial dans la définition du politique, dans un tel refus de la guerre interne. Bellum civile est le seul nom presque acceptable d’une réalité que les Romains ont de grandes difficultés à nommer sans en déplacer le sens, sans l’euphémiser ou la transformer.
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Toutes les constitutions existantes sont valables parce qu’elles font qu’une cité fonctionne, mais aucune n’est parfaite, puisqu’aucune cité n’est à l’abri de la stasis. Au lieu d’être le mal absolu, la stasis est une imperfection de la constitution. Dès que la constitution ne correspond plus à l’idée que les citoyens s’en font, alors éclatent les staseis. Les citoyens se divisent en n’étant plus unanimement d’accord sur les fondements de la constitution. Au lieu de la discorde qui prendrait l’aspect du choc frontal comparable au polemos, la stasis exprime l’inadéquation entre les citoyens et leur constitution, elle résulte de la perte d’un accord unanime. Moins destruction du lien social que « déliaison », la stasis est pourtant inhérente au politique puisqu’elle provoque dans la cité un changement de constitution et donc de forme, d’essence. La constitution défectueuse dépend de la défection des citoyens. La mobilité succède à l’immobilité. Aristote édulcore la violence qui travaille la cité. Il y a seulement métamorphose, d’où l’insistance sur la metabolè (μεταβολή).
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Thucydide, sans vouloir en faire la démonstration puisque son but est ailleurs – découvrir les vraies causes de la guerre – présente l’enchaînement des guerres limitées, restreintes à un affrontement entre deux ou trois cités, comme une vaste guerre ayant entraîné dans son sillage la Grèce entière, sans que l’on sache quelle entité est ainsi désignée par « Grèce » tant celle-ci est protéiforme au fil de la lecture. Dans cette intrication de conflits limités et de vastes opérations d’invasion, les guerres prennent successivement des formes différentes, dont la tendance est de passer de la stasis au polemos et inversement.
Si Thucydide semble être l’historien le plus à même de restituer une vérité comprise dans la comparaison entre guerre étrangère et guerre interne, il faut également reconnaître un inestimable avantage à son histoire : il nous emmène dans tous les camps en présence, sans la fausse assurance rétrospective de celui qui a déjà vécu les événements.
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La détermination de l’entité politique est fluctuante, celle-ci n’a pas une identité guerrière fixe. Le genre de la guerre, qui s’en déduit, consiste dans l’autoproclamation de l’ennemi mais aussi dans le contenu de négativité que la cité attaquée lui confère. Par là, il ne s’agit pas de déclarer illégal, criminel ou terroriste l’ennemi, mais bien d’ajuster sa désignation à un état de crise non maîtrisable complètement. On peut ainsi dire que les pouvoirs qui désignent un ennemi comme terroriste préfèrent un nom facile parfois en désaccord avec la réalité. L’usage de la fiction a ceci de problématique qu’il peut aisément devenir sans rapport nécessaire et adéquat avec la réalité.

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L’expression « fictions politiques » ne met pas seulement l’accent sur un objet imaginaire censé faire retour à une réalité dotée ainsi de plus d’épaisseur. Il s’agit de liens artificiellement établis pour expliquer le politique et faire fonctionner les liens politiques et sociaux. La distinction entre guerre civile et guerre étrangère en est une figure : la séparation est une fiction établie politiquement. (…) La fiction est une permanence des conceptions de la guerre.
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