«Voir une femme privée de savoir et de liberté est la plus grande des souffrances»(p 139).
Bloc 123B. Chirine claque la porte de l’appartement. Visage
fermé, m’ignore, passe devant moi. Je ne peux pas m’empêcher
de la regarder. Elle a l’attitude d’une star. Sa
façon de se répandre, sa démarche, ses manières, tout
est calculé pour qu’elle se fasse remarquer. De longs
cheveux châtains, d’interminables sourcils fins,
d’émouvants yeux verts mélancoliques. Son jeans se
confond avec ses jambes. Son chemisier laisse apparaître
son soutien-gorge. Talons très hauts. Port droit,
visage presque hautain. Elle est très belle. Elle le sait.
Droit devant moi, elle passe, me frôle, m’effleure. Son
arrogance est pleine de grâce, de classe, de glace.
Comme moi, elle appuie sur le bouton de l’ascenseur,
mais comme moi, elle prend l’escalier sans
attendre. Elle vient de subir les réflexions de mon
père.
Dès la première page, Nora Hamdi nous plonge dans l'univers tourbillonnant de cette jeune femme de 20 ans. Le portrait de Yasmine, à la fois forte, passionnée et sensiblement touchante. Une figure féministe d'une femme peintre puissante par son indépendance et sa liberté d'esprit qui impose ses règles du jeu dans un monde qui aurait aimer la contraindre en laissant ce qu'elle est. Une ode à la liberté, à la femme et à l'affirmation de son identité.
«Cette guerre fait partie de mon histoire personnelle. Celle de mes origines. Celle que je dois connaître pour vivre en paix» (p 136),
«Chaque jour se passait ainsi.C’était notre façon de vivre. Celle des paysans dans la montagne. Ma vie était parfaitement régentée. Elle a radicalement changé au début de mon adolescence. De plus en plus d’Algériens se sont rebellés contre la colonisation qui nous a fait sombrer dans cette terrible misère».
Le sujet tabou de la guerre d'Algérie est comme une indigestion de l'Histoire» (p 137)
«Sans les femmes, la guerre d'Algérie n'aurait pas été gagnée» (p 133)
J’avance dans la file de gens qui reviennent du pays de ma mère. L’Algérie.Connaître l’histoire de ma mère pendant la guerre d’Algérie a bouleversé ma vie à jamais».