Nora Nash

C’est très simple à comprendre. Il y avait un endroit où personne ne pouvait aller, c’était une maison abandonnée derrière l’école. Un jour où elle déprimait un peu de ne pas avoir vu James Silly pour l’embêter, elle s’y était rendue sans jamais en avoir entendu parler à l’école ou en dehors. Elle se doutait qu’elle ne devait pas être là puisqu’à l’avant de la maison, il était inscrit « accès non autorisé, mais comme le panneau était un peu cassé, elle s’en fichait. C’était une grande maison vue de l’extérieur, assez grande pour y cacher beaucoup de choses… La première fois qu’elle y est allée, elle avait quand même eu peur d’y entrer et trouver ce qui ne devait pas y être. Rien de tout ça évidemment, juste des plans de l’école et l’endroit secret.

Je ne voulais pas que tu souffres trop. Tu pouvais sentir ma présence, tu m’entendais,… mais tu croyais que tu étais en train de devenir folle. Tu n’as jamais pensé que c’était moi qui te parlais… Et je voulais te parler et te dire combien j’étais désolé que tu ais tout découvert. Bon,… je vais m’en aller, il est temps pour moi de te dire au revoir. Tu en as rêvé toute ta vie de ce moment-là, mais maintenant, je suis presque sûr que tu ne veux pas que je m’en aille d’ici. Tu ne peux pas continuer comme tu le fais,… je ne suis pas tombé amoureux d’une criminelle… non. Tu n’en étais pas encore une à l’époque, même s’il est vrai que nous avions signé une loi bidon qui disait le contraire. Je ne te reconnais pas, je ne te reconnais plus…

J’avais beau être belle, un peu méchante avec tout le monde et populaire… Je détestais ça. J’étais en compétition avec Tara, ma meilleure ennemie. Elle voulait toujours me faire de l’ombre et elle y est parvenue. Mes professeurs ne comprenaient pas ce changement, mais ils en étaient contents. Je n’en pouvais plus des remarques parce que je faisais des bêtises et des heures dans le bureau du proviseur… Ça commençait vraiment à me peser. Alors Jacob a tout fait pour que je passe ma crise d’adolescence avec son aide… mais ce qui n’a rien arrangé, c’est quand il a découvert le corps de sa copine… la police l’a accusé sans preuve.

Cela faisait deux ans qu’ils étaient mariés et depuis quelque temps, elle le trouvait bizarre. Il rentrait de plus en plus tard et disait que c’était à cause de son boulot. Il lui sortait toujours la même excuse : une réunion qui a duré plus tard que prévu. Elle savait au fond d’elle qu’il mentait, mais préférait se taire et ne plus y penser.
Elle savait que son mari avait un penchant pour les autres femmes, pour ne pas dire qu’il était accro aux plans à trois. De toute façon, Carla n’a jamais accepté ça et lui disait qu’il voyait qui il voulait tant qu’elle n’y était pas mêlée elle-même.

Il est impliqué. Vous n’avez pas idée, de combien de femmes sont passées par son lit ni combien ont porté plainte contre lui pour coups et blessures. Je parie qu’il en avait encore plein d’autres dans sa collection. Des prostituées en plus, déclara Jerry. Mais j’aimais Lou et elle m’aimait aussi. Nous avions même projeté de vivre ensemble dès qu’elle aurait réussi à se débarrasser de son copain. Il n’était vraiment pas mieux. Il la frappait. Mais elle n’osait aller à la police à cause de ses menaces. Par contre, elle venait souvent ici pour se confier à moi.

Il a souffert de cette séparation, il aimerait la revoir et lui dire ce qu’il fait mais ne peut pas pour le moment. Elle recevra un signe le moment venu… Tu dois avoir raison… Je suppose que Carla avait de bonnes raisons de me traiter de con. Disons qu’en sachant maintenant ce qu’elle a subi, je comprends mieux ce qu’elle a vécu. Ça ne me serait jamais venu à l’esprit de croire des jeunes qui viennent me raconter qu’elle a dit telle ou telle chose… J’en ai toujours douté…

Depuis le départ de son mari, Carla restait chez elle à écrire et à méditer ce à quoi elle espérait dans la vie. Elle se sentait de mieux en mieux. Elle ne regrettait pas qu’il ait pris quelques jours de congé et savourait sa solitude.
Parfois, il lui arrivait de passer un long moment dans son bureau ou à observer, Kysa, son voisin. Rien d’exceptionnel comme emploi du temps, mais c’est justement ce qu’elle ne pouvait pas faire quand il était présent.

James a voulu tuer Adriana… quand elle était plus jeune. c’est tout ce que je peux dire. Adriana était instable… ça arrangeait ses parents de la faire passer pour folle dingue. Mais elle était assez intelligente malgré tout. J’imagine que vous avez trouvé des informations dans ce que j’ai filé à David ? Il n’aurait pas dû les laisser trainer, car une fois les informations entre de mauvaises mains, ça peut être la catastrophe !

Cette affaire avait affolé les médias et en même temps lancé la carrière d’écrivain de Carla qui avait écrit son premier roman « Trouble JE ». Cela ne parlait pas de son frère mais d’elle. De son histoire à elle. De l’amour porté à un professeur qui se transforme en « crime ». Comme si on ne pouvait pas ou plus dire à quelqu’un qu’on l’aime. Carla amoureuse n’avait jamais dit je t’aime à son mari à cause de cette histoire.

Les enfants n’ont pas encore tous les voiles devant les yeux quand ils sont petits. Ils peuvent donc voir les esprits.
Carla le savait car elle s’intéressait à ce genre de chose. D’ailleurs, Jacob avait plus jeune, le don de les voir et elle en a toujours été jalouse. Ainsi Jacob a pu savoir quand ses grands-parents allaient mourir et leur dire au revoir en avance. C’est là que Carla a regretté de ne pas avoir ce don.