Depuis le Congrès de Berlin de 1878, l’Autriche-Hongrie avait obtenu la gestion de la Bosnie-Herzégovine et y envoyait non seulement des Croates, mais aussi des Ruthènes dans l’espoir d’empêcher les Slaves du Sud de s’unir avec la Serbie à leur tête.
Ces Ruthènes, installés dans cinq colonies du Nord de la Bosnie (Prnjavor, Devetina, Dubrava Stara, Kozarac et Zavidovići), se trouvaient dépourvus de prêtres et passaient régulièrement à l’orthodoxie serbe. La fondation stoudite avait donc pour but d’encadrer cette population gréco-catholique de Bosnie, un effort appuyé par le premier archevêque catholique latin restauré de Sarajevo, Josip Stadler (1881-1918).
Il n’est donc pas surprenant de rencontrer l’higoumène de Stoudios dans l’arsenal retourné contre les orthodoxes par Joseph de Maistre (1753-1821) dans son célèbre ouvrage Du pape paru en 1819. Il revient pourtant au prince russe Ivan Sergievitch Gagarin (1814-1882) d’avoir remis au goût du jour le genre de l’anthologie pro-romaine faisant une large place à Théodore. Venu à Paris comme secrétaire d’ambassade en 1838, converti au catholicisme en 1842, Gagarin intégra un noviciat jésuite et consacra dès lors l’ensemble de son œuvre à la conversion des slaves orthodoxes. Son manifeste La Russie sera-t-elle catholique ?, paru en 1856, lui avait valu une première notoriété.
En 1857, il fonda la revue jésuite Études, dédiée à son grand projet et promise à un bel avenir. Gagarin est parfois présenté comme un des précurseurs modernes de l’Union, ce en quoi son parcours de l’orthodoxie à la Société de Jésus le qualifiait sans doute