De Louis Constant Sévin, l'ornementaliste qui symbolise à lui seul la profession de dessinateur industriel au XIXème siècle, par sa participation à des domaines aussi variés que la joaillerie, le mobilier, la céramique, les bronzes d'art et l'orfèvrerie, il ne subsiste aucun fonds significatif d'une longue carrière, consacrée à donner des modèles et compositions aux fabricants les plus renommées: Morel, Fourdinois, et Barbedienne...
toujours sont louées les capacités de dessinateurs, la diversité de leurs manières: Michel-Joseph Liénard travaille indifféremment pour les ébénistes, les bronziers d'art, les orfèvres; Duponchel dessine meubles et bronzes pour l'hôtel de James de Rothschild rue Lafitte; Charles Rossigneux dessinateur hors norme, décorateur aussi savant qu'ingénieux fournit des modèles aux industries les plus diverses.
En ce beau XIXème siècle où s'épanouissent les arts décoratifs, le succès des grands no des industries d'art, Christofle, Barbedienne, Boucheron, et tant d'autres encore passés à la postérité, a largement fait oublié l'identité des dessinateurs, ornementalistes qui alimentent de leurs modèles et de leurs idées les créations de ces maisons.
a une époque ou la standardisation n'est pas de mise dans les industries du luxe, où l'individualisation des créations est encore une réalité, voire un devoir, le dessin se doit d'être facilement consultable afin de vérifier la couleur retenue par telle cliente, les modifications exigées par le commanditaire.
si le début du XXIème siècle voit le triomphe du designer, après un XXème siècle qui lui a conféré un statut autonome, on ne peut oublier que l'ornementaliste et le dessinateur industriel, recherchés des fabricants comme le designer l'est aujourd'hui des éditeurs, ont fait du XIXème siècle leur âge d'or.
sans rien d'anecdotique, le dessin d'art décoratif du XIXème siècle émerge de la création foisonnante de son temps comme l'outils indispensable pour comprendre l'éclectisme de l'époque, incontournable pour saisir le parallèle entre la synthèse des lignes graphiques et celles des sources d'inspirations.
dans le monde bouleversé par de nouvelles pratiques commerciales, déstabilisé par une rivalité économique accrue entre les nations occidentales que stigmatisent les expositions universelles, le dessin devient le nerf de la guerre.
Face au dynamisme des ornementalistes, on ne peut mésestimer la contribution rivale des architectes dans le domaine des arts décoratifs- leurs dessins sont de premier ordre.
les maisons importantes ont un fonctionnement plus complexe, elles peuvent être dotées de leur propre atelier de dessin auquel des dessinateurs sont exclusivement attachés.
a cette époque le dessinateur assure donc le ferment de la créativité et l'image que nous conservons de tout un pan des arts de ce siècle en est profondément tributaire.