Il doit y avoir quelque chose de péremptoire dans les affirmations du théâtre poétique, l'arrogance de la beauté qui ne perd pas de temps à convaincre. La plus petite critique, la plus dérisoire des réserves annulent tout le processus de l’œuvre la plus colossale, qui ne cherche ni la perfection esthétique, ni la pureté éthique, mais simplement à être ce qu'elle est. Les compliments l'affligent aussi car ils privent l’œuvre de sa nécessité et la renversent dans la contingence des réussites formelles. C'est comme de discuter du cri d'un mourant avec la grammaire d'un critique d'opéra épris d'exactitude sonore. Le théâtre est un être qu'il faut aimer ou laisser, suivre ou nier, adorer ou éviter. Et comme les êtres, il ne fait l'unanimité que lorsqu'il ment.