Contrairement à ce que nous pensons, nous ne sommes jamais seuls. Ne pas être vu, ni entendu, ne senti, cet effacement-là est impossible. Vivre, c’est toujours être repéré. Il reste sans doute beaucoup à faire pour apercevoir, sans les gêner, les êtres qui nous observent, de jour comme de nuit. Nous ne savons pas nous rendre discrets. Nous brandissons trop de miroirs entre nous et la nature. Le plus souvent, nous ne prêtons attention qu’à nos semblables. Tantôt on les célèbre, tantôt on les stigmatise. Puis on s’enfuit.
Là réside l’illusion : croire que nous ne sommes pas scrutés quand nous sommes loins de nos congénères. Croire que nous progressons incognito lorsque nous sommes seuls. Croire enfin que nous pouvons être vraiment seuls.
C’est se tromper de monde.