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Citation de Partemps


Plus que celle d’autres romantiques, en effet, la figure de Novalis est entourée d’un halo d’images d’Épinal qui, de la première édition, hagiographique et tronquée, de ses œuvres par son ami Ludwig Tieck, à la réception de son œuvre en Allemagne et en France au xixe et xxe siècles, en polluent la lecture. La plus tristement célèbre de ces images d’Épinal est celle de la « fleur bleue » d’Henri d’Ofterdingen, devenue emblème d’une sentimentalité mièvre — en ce sens son destin est métonymique de celui de l’adjectif « romantique » — alors qu’elle renvoie, dans la première partie du roman inachevé de Novalis, intitulée « L’Attente », à l’aspiration vers l’absolu, à la possibilité — d’abord entrevue en rêve puis recherchée à travers la quête de la poésie, de l’amour et du divin — d’une transfiguration du monde par la poésie.
La fleur bleue est la figure du manque et de la quête : l’intuition (onirique dans le premier chapitre du roman) de son existence est le moteur même de l’itinéraire de recherche du héros. La « fleur bleue » est l’objet manquant qui détermine dans sa carence le départ et la vie du personnage. Incarnation de l’absolu en acte (identité de l’être et de l’essence, présence de l’infini), elle est l’objet archétypique de la quête et figuration du désir romantique en ce sens. Par ailleurs, son apparition première dans le rêve de Heinrich nous indique son caractère magique, liée qu’elle est, métonymiquement, à un ensemble d’objets par lesquels se révèle la nature symbolique du monde. En ce sens, la fleur bleue est le centre d’un univers de correspondances, justiciable d’une lecture idéaliste‑magique. C’est ce qu’en a retenu André Breton, qui crédita la poétique novalisienne d’une première mise au jour de la nature surréaliste du réel.
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