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Citation de PaulPetit


Pendant la Seconde Guerre mondiale, la résistance ne fut guère hantée par le sauvetage des juifs - indifférence qui a nourri, hier comme aujourd'hui, le soupçon. Faut-il considérer ce silence comme la rançon accordée au primat de la lutte, politique ou armée, menée contre l'occupant? Ou y lire le signe de la proximité idéologique qu'une part des forces clandestines entretenait avec le régime vichyste? Quoi qu'il en soit, les juifs de France ne purent que rarement compter sur l'armée des ombres pour échapper à la mort, alors même que les Allemands et l'Etat français avaient déclenché dès 1940 une persécution raciale qui visait une com munauté estimée, en 1939, à 330 000 personnes. [...]La résistance organisée ne s'engagea donc pas, à de très rares exceptions près, dans la bataille contre l'antisémitisme. Outre que certains de ses hommes, on l'a dit, n'échappaient pas aux préjugé racistes, elle se montrait prudente pour des raisons stratégiques. Parce qu'elle soupçonnait, non sans raison, l'opinion de sacrifier pour partie aux démons antisémites, elle évita de prendre les Français à rebrousse-poil pour ne pas, pensait-elle, se les aliéner. [...] Dès lors, force est de constater que la résistance se tut alors même que se perpétrait un génocide d'une ampleur inédite dont les signes, pourtant, se multipliaient, réduisant d'autant le champ de l'ignorance. Ce silence, conclut Renée Poznanski, « a contribué à banaliser l'exclusion des juifs et, sans se risquer à subodorer l'effet sur l'opinion qu'aurait pu avoir un leadership décomplexé de la Résistance se prononçant d'emblée contre toute mesure de persécuution des juifs, on peut, a contrario, constater l'impact extraordinaire qu'a eu la poignée de lettres pastorales lues en chaire à l'été 1942 sur les juifs qu'elle a réconfortés, sur l'opinion publique dont elle a légitimé donc consolidé l'indignation, pavant ainsi la voie aux entreprises de sauvetage ». La voix de ces prélats avait porté fort; mais elle resta bien isolée. Les gloires montantes ou consacrées de l'intelligentsia optèrent pour le mutisme, d'André Gide à Paul Claudel en passant par Jean-Paul Sartre. Et les caciques de la République ne brillèrent en la matière ni par leur courage ni par leur lucidité. Ce fut donc d'une Eglise, pourtant discréditée par son compagnonnage vichyste, que provinrent les seuls cris audibles appelant à lutter contre la persécution.
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