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Citation de Blandine54


Sur la scène internationale, le Japon se sentait menacé. Lors des négociations de Versailles, il avait réclamé que le principe de l'égalité des races fût reconnu dans le pacte créant la Société des Nations. Bien qu'il ait été adopté à la majorité des voix, ce principe fut rejeté par Wilson en 1919, le président américain craignant de créer un précédent aux Etats-Unis, alors régis par une kyrielle de mesures racistes envers les noirs. Ce refus indigna l'opinion publique japonaise. D'autant qu'en 1922 les occidentaux obligèrent Tokyo à accepter le traité de Washington qui, pour limiter la course aux armements navals, imposa la clause dite 5-5-3 : pour cinq bâtiments américains croisant dans le Pacifique, la Grande-Bretagne pourrait également entretenir cinq navires de guerre, mais l'empire du soleil-levant devrait se contenter de trois. Cet accord ulcéra les nationalistes nippons qui refusaient de passer sous les fourches caudines anglo-américaines. En 1924, par ailleurs, les Etats-Unis adoptèrent la loi Johnson-Reed qui fixait un quota draconien : les immigrants d'un pays ne pouvaient entrer sur le territoire américain qu'à proportion de 2% de la population originaire dudit pays vivant aux Etats-Unis en 1890. Ouvertement raciste, ces Immigration Act fermait toute perspective de départ aux Japonais désireux de tenter leur chance dans le Nouveau Monde, alors que la crise de 1929 allait porter un coup sévère à l'économie nippone. Entre 1929 et 1931, ses exportations chutèrent de 40%, ce qui dévasta l'industrie et accrut le chômage.
Ces sombres perspectives amplifièrent le complexe obsidional de l'archipel. Confronté à une démographie croissante - il comptait soixante-quatre millions d'habitants en 1930, mais plus de soixante-dix millions en 1937-, le Japon ne pouvait pas tabler pour sa survie sur l'économie, alors frappée par le malheur des temps. Pis, les entraves protectionnistes sapèrent la confiance que la population plaçait tant dans la liberté du commerce international que dans le talent de ses hommes politiques, impuissants à juguler la crise. Dépendant de l'étranger en amont pour ses matières premières, en aval pour ses exportations, l'empire du soleil-levant en vint, tout comme le Reich, à privilégier, pour résoudre ses difficultés, l'expansion sur le continent. La Chine devint alors un pays de cocagne dans lequel le Japon espérait écouler ses produits avec d'autant plus de facilité que, depuis la guerre de 1894-1895, il méprisait cordialement les Chinois qu'il tenait pour des couards.
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