Réponse
Tu me dis qu'il m'aima, que mon nom, mon image
Emplirent tout son cœur pendant quelques beaux jours ;
Tu me dis que ce cœur peureux, mais non volage,
Quand il ne m'aima plus, n'eut plus d'autres amours.
Tu dis qu'un seul printemps a brillé dans sa vie,
Que, depuis celui-là, nul ne lui semble en fleurs,
Que rien n'a fait depuis sa joie ou son envie,
Et que ses yeux séchés n'ont plus versé de pleurs.
Moi, je sais qu'il a pu me revoir sans alarme,
Qu'il est demeuré calme en m'entendant nommer ;
Va ! l'amour d'un tel cœur ne vaut pas une larme :
Aimèrent-ils jamais ceux qui cessent d'aimer.
Automne
Vois ce fruit, chaque jour plus tiède et plus vermeil,
Se gonfler doucement aux regards du soleil !
Sa sève, à chaque instant plus riche et plus féconde,
L’emplit, on le dirait, de volupté profonde.
Sous les feux d’un soleil invisible et puissant,
Notre coeur est semblable à ce fruit mûrissant.
De sucs plus abondants chaque jour il enivre,
Et, maintenant mûri, il est heureux de vivre.
L’automne vient : le fruit se vide et va tomber,
Mais sa gaine est vivante et demande à germer.
L’âge arrive, le coeur se referme en silence,
Mais, pour l’été promis, il garde sa semence.
(Un vœu d'enfant)
On était au mois d'avril 1753. La ville de Liège étincelait sous les rayons d'un soleil déjà chaud, et les fleurs suspendues aux fenêtres commençaient à montrer leurs boutons. Le ciel était si beau, si pur, que tout le monde jouissait de cette journée. Les hommes graves se reposaient des longs travaux dans cette douce joie qu'apportent les premiers jours du printemps. Les fleurs s'ouvraient au soleil, et les enfants, retenus long-temps captifs par les gelées, se dédommageaient de leur oisiveté involontaire par les jeux les plus bruyants.
C'est singulier, dit Maurice ; je sais qu'il ne faut pas croire aux fées, mais je voudrais bien qu'on pût m'expliquer comment le Prince a su mon nom, et qui lui a dit de quelle manière nous avons mérité de venir au château.
- Je cherche à deviner, répondit Jean, je ne peux pas. Je ne pensais qu'à cela pendant que ce charmant prince nous parlait ; aussi il ne me venait jamais rien à lui repondre.