Moi j’ai vaincu l’Espoir : à mes pieds il expire
Comme un flot lourd d’écume et de varech épais.
J’ai peuplé d’exilés mon solitaire empire ;
Et muet comme vous, comme vous je n’aspire
Qu’à l’obscure grandeur de l’immortelle paix.
Car j’ai traîné longtemps mon ombre sur la terre ;
Mon destin bien avant mon sang s’est arrêté.
Comme vous infécond, comme vous solitaire
Que je sois comme vous la vague sans colère
De l’océan sans bords de l’immobilité.