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Citation de mimo26


La gare est nichée au creux d’un vallon, trois pentes recouvertes de sapins aux branches alourdies par la neige. Le ciel ressemble à un collage ivoire et gris, des flocons menacent en cette nuit de février. Une légère odeur de brûlé flotte dans l’air. Avant la guerre, Bensheim était juste un arrêt sur la voie ferrée, les voyageurs le remarquaient à peine. Mais les Allemands exploitent le moindre lieu : celui-ci est bon pour le stationnement des trains et l’entretien des motrices, surtout la nuit.

Je suis ici depuis quatre mois. L’automne était plutôt agréable, et moi bien contente de trouver un toit après qu’on m’eut congédiée avec rien de plus qu’un baluchon contenant deux jours de pitance, trois en me serrant la ceinture.

J’ai atterri dans un foyer pour jeunes filles quand mes parents ont compris que j’étais enceinte. C’était forcément dans un trou perdu, au nom de la sacro-sainte discrétion. En me relâchant, la directrice aurait pu me conduire jusqu’à Mayence ou dans une ville. Mais non, elle a juste ouvert la porte, je suis partie à pied. J’ai marché jusqu’à la gare, et là j’ai réalisé que je n’avais nulle part où aller. Pendant ma grossesse, j’ai souvent pensé à rentrer à la maison pour supplier que l’on me pardonne. Je ne suis pas si fière, je me serais même jetée à genoux si ça avait pu aider. Mais le jour où mon père m’a flanquée dehors, j’ai lu dans ses yeux que son cœur s’était claquemuré. Je n’aurais pas supporté un second bannissement…
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