Jusque là, ils marchaient sur des chemins, sur le fil de leur vie, oscillation douce entre la roulotte et l'horizon toujours changeant des campagnes du Poitou. Sur ce fil jamais tendu, le besoin de partir, de gagner sa croute. Sur ce fil jamais tendu, une vie rebelle, chahutée, chantée.
Aujourd'hui, ils marchent sur un fil qui n'est pas le leur. Un fil de pas perdus dans cette immensité ingrate où rien ne leur appartient. Ni le départ ni l'arrivée. Et pour aller où ? Au bout d'un ordre, d'une sentence, d'un rassemblement administratif qui ne leur ressemble pas. p 25