Dès mon arrivée à Paris, j'avais une lourde tâche : celle de rendfe visite aux familles des disparues de mon camp. Le poids de leur décès pesait sur mes épaules. Je sentais planer ces morts au-dessus de moi. La nuit, je pensais souvent à mon amie Frédérique. Elle avait vingt ans de plus que moi. Au camp, on était toujours ensemble et son amitié était mon bien le plus précieux. Ses mots résonnent encore dans ma tête : "Si tu dois sortir, ne m'oublies pas". Il y a pire que la mort : l'oubli.
Ainsi, j'ai tenu parole. Je suis allée annoncer la disparition d'une mère, d'un père, d'un frère ou d'une sœur.
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