Coup double, chevrotine dans la tête et cervelle éclatée, Richard est mort... Ça a giclé, éclaboussé les cuirs de sa bagnole et même revolé jusqu'à mes pieds. Dégueulasse...
Nos histoires nous collent à la peau, vraies ou fausses, elles nous engluent et il faut savoir s'en sortir, passer l'éponge, être indulgent avec nous -mêmes, se pardonner.
Elle m'a offert une seconde vie, offert le droit de recommencer, de repartir à zéro. C'est elle aussi qui m'a prêté sa maison. Depuis, je vis ici, je travaille et je dirais même que je suis bien, en paix avec moi-même.
Nous nous reverrons à la nuit, au moment où l'oreille remplace l'œil et où les cœurs se livrent plus facilement.
La Terre, notre terre, est devenue le plus grand dépotoir de l'univers. Les rivières et les fleuves sont saturés de pollution, la mer est vide de ses poissons, les eaux envahissent les terres, des populations entières se déplacent, des migrants climatiques cherchent refuge et sont refoulés manu militari vers les frontières. Les gens ont faim, les gens s'entretuent pour une bouchée de pain.
Le chien était en train de jouer avec le petit cadavre blanc. Il le prenait dans sa gueule, s'acharner dessus et le jetait dans les airs avant de le rattraper et de le mordiller. Méchant chien, j'ai pensé. Et j'ai été contente de voir Pierre lui donner un coup de pied. J'ai trouvé que Freddy l'avait bien mérité, que Pierre aurait dû le frapper plus fort et plusieurs fois.
C'est con, tu perds du sang. J'ai peut-être touché une artère. Tu te rends compte de ce qu'on fait aux baleines. Biopsie, on appelle ça, juste un petit prélèvement de gras. Pauvres bestioles et on dit qu'elles ne sentent rien. C'est vrai, ça ne fait pas trop souffrir ? T'es sûr ?
"T'es un mou,c'est juste ça. T'as pas de couilles !"
Les paroles de son père lâchées en pleine réunion. Des mots qui fusent ,percutent et rebondissent sur les murs,parasitent les prothèses auditives jusqu'à réveiller les neurone fatiguées de l'assemblée.Une claque pour tous,une douche froide.Les corps s'agitent et les visages se lèvent, attentifs.La parole est dite,le couperet tombé.
"Pas de couilles!"
Tous le regardent ,le rejettent comme un seul homme. De rage ,il balance son dossier sur la table,fait valser sa chaise et quitte la pièce en claquant la porte.
"Pas de couilles!"
J'ai fait oui de la tête. J'avais pourtant écrit sur mon cahier que j'avais vu ma rue et ma maison aux infos, je l'avais écrit parce qu'il le fallait, parce que les médecins avaient insisté là-dessus, parce qu'ils m'avaient tous dit que je devais noter les choses, surtout les choses marquantes, celles qui faisaient battre le coeur, celles que l'on ne voulait pas oublier.
On a tout vidé, même la boîte à bijoux qu’on avait fabriquée à la petite école avec du carton et des coquillettes dessus, peintes et collées en forme de cœur. À l’intérieur, on a trouvé nos dents de lait et deux petites mèches de cheveux. Pierrot s’est énervé. C’est de l’argent qu’il voulait, pour partir, il me l’a dit plus tard, quand on a regardé son film sur les Indiens. On était installés sur le canapé quand il s’est souvenu des paroles de M. Louvain: «Avant, il y avait des Indiens à New York.» Pierrot avait été tout excité d’imaginer des Iroquois dans les rues de Manhattan. Je m’en souviens, en classe on est assis l’un à côté de l’autre. Une idée de M. Louvain. […]
— Faut partir, il a répété. On va aller là-bas, en Amérique.
Moi, j’avais envie de rester là, à fumer des cigarettes et boire de la bière.