Malgré les affres de l'attente, demain sonnait tel un mot cabalistique, plein d'espoirs, auquel je m'accrochais fébrilement comme au temps de mon enfance où je languissais pour le matin de Noël en anticipant le moment autorisé à ouvrir les cadeaux. Pareil à bien des enfants impatients, il m'était arrivé de tricher en soulevant les couvercles des merveilleuses boîtes mal cachées aux petits destinataires espiègles. Ces derniers jours, je redevenais impétueux, capricieux. Je voulais vite mon cadeau.
J'oubliais le monde avec ces horreurs perpétrées par des déséquilibrés, des fanatiques, des malfaiteurs, des voyous, avec ses catastrophes naturelles appauvrissant des populations, avec ses épidémies affectant les plus démunis, avec ces corruptions produisant l'effondrement économique et avec ses guerres interminables. En vérité, je ne m'intéressais plus du tout aux nouvelles diffusées par les médias. Je ne consultais plus, non plus, les sites d'actualités sur l'internet ni mes journaux qui formaient une plie dans mon entrée à côté de la pile de magazines que l'on m'envoyer gratuitement sans mon accord. Je n'étais pas indifférent mais dégoûté par la capacité, la facilité, la rapidité de l'homme à détruire et à tuer. Tous les conflits et les maux à travers le monde m'étaient devenus insupportables. Je m'évadais de cette réalité, ne serait-ce que le temps d'une balade avec la jeune fille. Combien de marées ai-je vues sans les voir ? Et combien de rendez-vous professionnels ai-je reportés ? Elle était ma réalité.