Ce que l'infraction du blasphème rend possible, toutefois, c'est que les croyants interdisent la publication d’œuvres que les croyants ne sont pas forcés de lire eux-mêmes, que d'autres personnes ont envie de lire, et dont les croyants veulent empêcher la lecture.
L'idéal, le discours, est : l’État se situe « au dessus » des différentes confessions, de l'athéisme, etc. Il agit comme un arbitre et leur impose, s'il le faut, la coexistence pacifique. Mais en réalité, cette image d'équilibre est quelque peu piégée. En effet, l'individu ne peut vivre longtemps dans une situation de schizophrénie potentielle : considérer la sphère publique avec esprit critique et libre examen, et se comporter dans la sphère privée en obéissant de façon inconditionnelle à la Tradition sacrée. Tôt ou tard, cette dernière perd du terrain, une mentalité est créée et l'individu la « transpose » dans la sphère privée en la désacralisant progressivement. [...]La mentalité « publique », laïque, séculière fait en quelque sorte tache d'huile et désenchante le monde de la religion, même privatisée. C'est la sphère privée qui est atteinte.