Il retira lentement sa main et ses lèvres s'emparèrent des miennes. Elles étaient si douces, si chaudes… Je succombai à ce baiser et y répondis avec une ardeur démesurée tandis qu'un désir brûlant s'emparait de tout mon être. Mathéo s'allongea à mes côtés et replaça mes cheveux derrière mon oreille. Il effleura mon visage du bout des doigts et me dévisageait sans mot dire tandis qu'il enserrait ma taille de son autre main.
La faible clarté que renvoyaient les lumières de la piscine et les rayons de la lune qui s'y reflétaient conféraient une telle intensité à son regard que j'en eus le souffle coupé. Je n'étais plus qu'un pantin entre ses mains. Il déboutonna ma tenue de nuit tout en continuant à me fixer. Ses lèvres reprirent les miennes plus doucement et descendirent lentement le long de ma gorge et de ma poitrine tandis qu'il se débarrassait de ses propres vêtements. Mes yeux se délectaient de son corps parfait avec le sentiment qu'ils n'en seraient jamais rassasiés. Tout ce qui n'était pas Mathéo devint trouble et insignifiant. Sa bouche explorait minutieusement chaque recoin de ma personne, s'attardant délibérément sur les parties les plus sensibles.
La douceur de sa peau, son étrange souplesse, son odeur enivrante mettaient tous mes sens en ébullition. Il prit doucement possession de moi, faisant jaillir des ondes de plaisir dans des parties de mon corps dont j'ignorais jusqu'à l'existence. Les ondes montaient par vagues régulières, frôlant le summum pour s'en éloigner aussitôt, savamment dirigées par les experts va-et-vient de leur créateur. J'eus l'impression d'être transportée durant des heures entières. Le plaisir envahissait l'intégralité de mon être et de mon âme. Il s'insinua dans ma tête au point d'en perdre la raison. Toute notion de bien ou de mal fut instantanément réduite au silence, balayée par nos deux corps vibrant à l'unisson. Lorsqu'il explosa pleinement, la violence fut telle qu'au comble de l'extase, ma voix ne put exprimer le moindre son. J'entendis au loin un hurlement long, lugubre, irréel. Un voile noir s'abattit sur ce qui subsistait de ma raison, domptant la folie qui me gagnait.
Je me sentis être tout à la fois ; j'étais la suave liberté qui avait traversé les millénaires, le vent qui balayait les montagnes et asservissait tout sur son passage, la sauvagerie qui animait tout spécimen luttant pour sa survie ; j'étais devenue l'essence même de la puissance. L'infiniment grand et l'infiniment petit avaient élu domicile en moi afin que je sois le tout ultime.
J'étais la quintessence de tous les éléments réunis en un seul lieu sacré qui n'était autre que le temple de mon corps.
Par cette nuit extraordinaire, j'étais autant le feu qui détruit dans la plus insupportable des souffrances que la glace qui fige dans la plus insoutenable des tortures.
La bêtise humaine traverse allègrement les siècles sans prendre une seule ride...