A la recherche d’un nouveau livre dans ma librairie préférée au cœur d’Avignon « La mémoire du Monde » j’ai été immédiatement attirée par ce titre. Cette lecture m’a ravie, passionnée : L’histoire de la librairie française telle que commentée dans cet ouvrage évoque (de façon synthétique mais bien complète) l’épopée quelque peu mouvementée de la librairie en France, histoire de ce commerce qui s’articule aussi avec les restrictions, la censure , la libération de la presse.
C’est une lecture enrichissante tant au niveau de l’évocation de l’ Histoire de ce commerce, " essentiel", effectivement, je devrais dire de cette institution, que du vocabulaire. J’ai appris quelques mots, quelques définitions, comme « Croix de par Dieu » (sorte d’abécédaire qui permettait d’apprendre à lire aux enfants, ainsi dit parce que le titre est orné d’une croix, qui se nommait croix de par Dieu, c’est-à-dire croix faite au nom de Dieu., on retrouve cette appellation dans Monsieur de Pourceaugnac de Molière .) J’ai également été intéressée par l’histoire de certains livres qui, connurent ou pas un succès immédiat en fonction de la date de leur parution et de l’intérêt consacré par les libraires.
Ainsi Les Pardaillan de Michel Zévaco (appréciés du jeune Camus) connurent leur heure de gloire , comme L’Étranger, Le Mythe de Sisyphe parus pendant la Seconde guerre mondiale , dont « les prix au marché noir étaient décuplés » alors que les ventes d’autres œuvres majeures , lors de leur parution restent marginales : Paul Valéry, Guillaume Apollinaire, Blaise Cendrars…
Commenter  J’apprécie         350
Un très bon essai extrêmement bien écrit et très agréable à lire. On navigue dans l'histoire de la librairie en France de l'Ancien Régime à nos jours en découvrant les évolutions du métiers mais surtout les problématiques et points de crispation récurrents de ce métier : la concurrence "illégitime", le prix du livre, les transports ...
C'est un ouvrage passionnant !
Commenter  J’apprécie         80
Remercions les éditions La Fabrique de cette sortie à ranger tout prêt de l'excellente Autre Histoire de l'Édition française (de J.-Y. Mollier), car cet ouvrage fort intéressant permet de suivre la mise en place de la librairie dans le temps et malgré de continuelles difficultés tels que la censure, les guerres, ou encore, actuellement, le "trop" de publications, souvent appelé "saturation" ou surcharge éditoriale, etc. J'ai pris un plaisir fou à lire les péripéties des librairies, surtout pendant le vingtième siècle, notamment le combat de Jérôme Lindon contre la Fnac et pour le prix unique du livre. Patricia Sorel plonge le lecteur dans la vie trépidante (qui l'aurait cru) et les batailles que vivent ou se livrent parfois les libraires, les éditeurs, les critiques, avec un soin constant pour les sources, les citations, les anecdotes ou les faits importants, savamment documentés, même en images à quelques occasions.
J'adore le passage sur les "faux libraires" qui "(...) en effet, font le désespoirs des éditeurs et des auteurs par leur incompétence navrante. Ils ne savent pas leur métier. Il ne lisent rien. Ils ignorent surtout la loi de l'offre et de la demande", nous dit un certain Gaston Deschamps en 1911!
Heureusement il y a de bons libraires et comme le souligne ce brillant ouvrage, c'est bien grâce à eux que des auteurs tels que Jean-Philippe Toussaint, Pierre Michon, Marie-Hélène Lafon et tant d'autres ont pu trouver leur premier public, leurs premiers lecteurs. Pour ma part j'ai vécu au Rameau d'Or la surprise de transformer, avec mes collègues d'alors, un premier roman, celui de Grégory Cingal, Ma nuit entre tes cils, publié par une petite maison indépendante (Finitude), en un succès local avec pas moins de 300 copies vendues sur un an et demi, soit un bon quart de toutes les ventes sur France, Belgique et Suisse - énorme. Et les exemples sont légions : Sergei Lebedev, Elena Lappin ou, dernièrement, Emmanuel Venet dont je ne me lasse pas de chanter les louanges tellement ces livres sont aussi intelligemment bien écrits que drôles.
Et cet essai ne s'adresse pas qu'aux libraires, puisqu'il répond aussi à ce besoin de livres et de lectures qui a même augmenté après cette année de (semi)confinement. J'en veux pour preuve d'avoir entendu une dame, en librairie, déclarer à une autre qu'elle ne lisait pas auparavant, trouvant cela ennuyant, mais que durant le mois et demi passé à la maison, elle s'était découverte fervente lectrice et est devenue maintenant... totalement accro'. Ou ce monsieur venu vers moi pour que je lui recommande trois bons gros romans parce qu'il en avait plus que marre de l'écran après un mois de séries sur Netflix (je lui ai recommandé Bolano, Murakami et Echenoz).
Commenter  J’apprécie         50
Voici un bouquin fantastique, d'une rigueur et d'une précision tout à fait remarquables. Cet ouvrage de référence brosse un panorama de l'histoire de la librairie française tout à fait passionnant et plutôt facile d'accès. Bon, le bouquin coûte un pont mais vous le trouverez dans les salles de références de votre bibliothèque. A défaut, faites comme moi et souvenez vous que votre bibliothécaire est un héros doublé d'un bienfaiteur de l'humanité et demandez-lui de l'ajouter à la collection!
Commenter  J’apprécie         50
Ce livre raconte l'histoire des librairies du moyen âge à nos jours. On observe ainsi les principales évolutions du métier de libraire et les metiers annexes qui ont existé (comme colporteur), l'essor des cabinets de lecture, des bouquinistes, et plus récemment les batailles autour du prix du livre et la difficile concurence avec les hypermarchés et la vente en ligne. J'ai appris beaucoup de choses avec ce livre très documenté et précis. Cette précision avec une accumulation de chiffres, de noms d'associations rend parfois la lecture un peu indigeste, surtout dans la dernière partie, pour un non-spécialiste.
Commenter  J’apprécie         40
Bonne synthèse documentaire sur le sujet. Suffisamment d'anecdotes et de témoignages pour que l'ensemble ne soit pas trop aride. La dernière partie, à savoir les contrefeux allumés par les libraires pour lutter contre l'omnipuissance des sites internet est peut-être la moins passionnante à lire, mais puisqu'il s'agit d'une histoire globale, on est bien obligés d'en passer par ce chapitre là aussi. Personnellement c'est la partie "historique" qui m'a le plus intéressé et le plus apporté d'informations. De tout temps, nos braves libraires ont eu à se battre contre des ennemis (imaginaires et bien réels). Pour ma part, le combat pour la survie des petites librairies, de quartier, spécialisées, militantes, reste une vraie urgence. Le recours à Internet reste malheureusement nécessaire pour moi car j'habite une campagne profonde qui n'est guère dotée en commerces spécialisés ! J'oriente mes choix d'achat soit directement chez les éditeurs (petites sociétés) ou chez les concurrents de la "Pieuvre" pour essayer de maintenir un brin de concurrence...
Commenter  J’apprécie         40
L'apport historique dans ce domaine est essentiel. Et de plus, les quelque cent dernières pages sur la librairie contemporaine sont très intéressantes. À consulter !
SV
Commenter  J’apprécie         30
Critique de Propos recueillis par Olivier Cariguel pour le Magazine Littéraire
Après Histoire de l'édition française, Histoire des bibliothèques françaises et le Dictionnaire encyclopédique du livre, ce responsable du Cercle de la Librairie publie l'Histoire de la librairie française. Quatre ans de recherche, 74 auteurs, plus de 300 illustrations pour cette somme sur un métier en perpétuelle évolution depuis Napoléon.
Pourquoi les métiers de libraire et d'éditeur ne faisaient-ils qu'un jusqu'au début du XIXe siècle ?
Pascal Fouché. Le métier d'éditeur est né au xixe siècle , celui de libraire a toujours existé. Avec la révolution industrielle, trois métiers différents sont apparus en se séparant : l'éditeur, qui conçoit le livre, l'imprimeur, qui le fabrique, et le libraire, qui le vend. La librairie au sens ancien du terme désignait tout à la fois ces trois métiers. Cela n'empêchera pas la plupart des éditeurs du xixe siècle et du début du xxe de continuer à s'appeler Librairie Hachette ou Librairie Gallimard, jusqu'en 1977 pour le premier et 1961 pour le second. Ils sont éditeurs mais possèdent tous les deux des librairies.
« On s'établit libraire comme on aurait vendu
de la porcelaine ou des produits alimentaires », écrit
un libraire-éditeur en 1904. Il était donc facile d'ouvrir une librairie. Saisissant contraste avec notre époque !
Non, c'est toujours le cas aujourd'hui, tout le monde peut ouvrir une librairie. En fait, la suppression du brevet nécessaire pour exercer ce métier date de 1870. On estimait à l'époque que les libraires devaient être de vrais professionnels et non de simples marchands de papier. Il y avait pour eux une certaine noblesse à exercer un métier proche de la pensée, et cette noblesse se serait en quelque sorte perdue à partir du moment où les livres pouvaient être vendus n'importe où.
Qu'est-ce qui vous a le plus frappé dans cette étude ?
La constance du combat des libraires. Et leur frilosité face à la nouveauté. Dès le xixe siècle, ils sont en guerre contre la presse et les grandes enseignes. Les libraires ont passé plus de temps à se battre qu'à se réunir. Et cette tradition belliqueuse s'exprime aujourd'hui dans la difficulté de créer un portail commun de vente en ligne des libraires indépendants. Piloté par le Syndicat de la librairie française (SLF), le projet devait aboutir au début de 2008. Un an plus tard, on ne voit rien venir.
Commenter  J’apprécie         00