La neige est un baume sur les plaies de la guerre. Elle comble en partie les trous d'obus ressemblant à du sucre qu'un enfant turbulent aurait imprimé de sa cuiller. Elle transforme les cadavres en congères de hasard, suaire de coton blanc dessus les dormeurs, nappe jetée sur la table d'une noce épouvantable que nul ne desservira. Seuls émergent les pieux noirs d'arbres tronqués et des piquets bancals, auxquels les barbelés accrochent leurs arcs griffonnés de lierres encharnés.