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Citation de mimo26


Je m’étire les doigts. Ils ont besoin d’être rafistolés. Ils ont besoin de glace. Ils ont besoin d’attelles.

« Tu vas encore me frapper ? T’as toujours été une lavette, Noah. Pourquoi tu …

– Je sais le genre de type que tu es, Conrad. Et tu sais que je le sais. »

Son rire me file la chair de poule.

« Enfin la vraie raison de notre présence ici. Cette gamine disparue a rien à voir avec tout ça, dit-il. On est ici parce que tu m’en veux toujours, après toutes ces années. T’es pathétique. »

Je sors mon arme et la lui enfonce dans le ventre. Son sourire disparaît.

« Écoute-moi, Conrad. Je sais que tu l’as enlevée. Elle a sept ans. Rien qu’une gamine innocente. Dis-moi où elle est et ça s’arrête là. » J’enfonce un peu plus mon arme. « Si tu ne me le dis pas, ça s’arrêtera aussi, mais ce sera beaucoup plus salissant. Mon équipier, là-bas, il veut que je te laisse tranquille, mais il est menotté à la rambarde et il ne peut rien faire pour t’aider. Personne d’autre ne va venir. Ton histoire de tic-tac, c’est juste que je vais te tirer une balle si tu ne me dis pas où elle est. Peut-être dans le bras. Peut-être dans la jambe. Peut-être que je te tirerai dans la bite. Tu veux vraiment d’une vie où t’auras qu’un tube pour pisser et des jambes qui ne fonctionneront pas ?

– T’as pas les couilles », réplique-t-il.

J’attrape deux factures dans la corbeille à courrier, je les roule en boule et les lui enfonce dans la bouche. Même quand je lui tire une balle dans la jambe, il met une seconde à comprendre. Puis il se débat et recrache les factures. Elles sont ensanglantées et humides, elles adhèrent au sol. Drew me hurle d’arrêter, et de ce côté-ci de la porte Conrad braille. J’ai les oreilles qui sifflent à cause du coup de feu, et ce truc n’arrête pas de se tordre dans mon ventre pendant que mon mal de tête continue de cogner contre mon crâne. Le sang coule de la jambe de Conrad et va rejoindre celui qui est déjà par terre. Je vois un papillon. Je vois une paire de chaussures de femme. Je vois une fillette disparue, et je vois la mort.

« Où est-elle ?

– Va en enfer. »

Je pense à Alyssa, effrayée et seule, ligotée quelque part. Je la connais. Elle a eu quelques années difficiles, perdant tout d’abord son père, puis sa mère plus tôt cette année. C’est une gamine coriace qui lutte contre un monde cruel. Elle a traversé tellement d’épreuves que je refuse qu’elle souffre encore. Le sifflement dans mes oreilles commence à diminuer. J’entends le sang qui goutte sur le sol. J’entends les battements de mon propre cœur.

J’enfonce l’arme dans la blessure. Ça me file la nausée. Je ne vais pas pouvoir continuer de faire ça très longtemps. Il faut que ça cesse. Il hurle.

« Je ne plaisante pas, Conrad, je le jure. Je ne plaisante pas.

– S’il te plaît, Noah, s’il te plaît, fais pas ça, s’il te plaît fais pas ça.

– Où est-elle ?

– Attends. »

Il est pris entre une crise d’hyperventilation et les larmes. « Juste une seconde. Juste… attends. »

J’attends, lui donnant la chance de mettre en forme ce qu’il a à dire. Ce ne sera pas une insulte. Ce ne sera pas une dénégation.

« Et si… et si je l’avais pas enlevée mais savais qui l’a fait ? »

Le soulagement envahit mon corps. Je peux travailler à partir de ça.

« Et de qui tu parles ?

– Et si… enfin, bon Dieu, ma jambe… ça fait mal, mec, vraiment mal. J’ai besoin d’une ambulance.

– Où est-elle ?

– T’es dingue, tu le sais ? T’es un psychopathe.

– Où est-elle ?

– Et si… »

Ses yeux se révulsent et il est pâle. Je le secoue. Il me regarde.

« Je me sens pas très bien.

– Dis-moi où elle est et j’appelle une ambulance.

– Une ambulance », répète-t-il, et il recommence à tomber dans les pommes.

Je le gifle.

« Quoi ?

– Alyssa.

– Oui, Alyssa, Alyssa… j’ai entendu deux types, d’accord ? Ils parlaient au bar hier soir. Et si je te répétais ce qu’ils ont dit ?

– Si ça me permet de la retrouver, je n’aurai plus besoin de te tirer dessus.

– C’étaient des types des équipes de recherches, dit-il, pas des mecs d’ici, ils cherchaient cette randonneuse qui s’est perdue récemment. Je les avais jamais vus, je le jure. »

Des types des équipes de recherches. La ville d’Acacia Pines est entourée par un océan infini de forêts et de lacs dans lesquels se perdent les touristes. Les gens du coin appellent cette vaste zone sauvage « Les Pins ». Les sauveteurs l’appellent le « Trou vert » – les trous noirs absorbent la lumière, mais le Trou vert absorbe les randonneurs et les campeurs. Nous envoyons des équipes de recherches, et de temps à autre des personnes débarquées d’autres villes viennent prêter main-forte. La plupart du temps nous retrouvons les disparus, mais parfois, non.

« Tu as pensé à décrocher ton téléphone et à appeler ton père ? Tu as préféré ne rien faire et laisser une gamine de sept ans que tu connais se faire enlever. »

Sa tête retombe. J’enfonce un doigt dans le trou laissé par la balle, il hurle et je l’ôte puis l’essuie sur ma chemise.

« Pourquoi tu ne l’as dit à personne ? »

Il serre les dents.

« Je voulais pas être impliqué. »

Je devrais tout de même le descendre. À la place, je demande : « Répète-moi ce qu’ils ont dit. »

Il fait remonter un glaviot sanguinolent et le crache dans la flaque.

« Ils ont dit qu’ils comptaient la vendre, qu’elle était… » Il fait la grimace tandis qu’une vague de douleur le traverse. « Ils ont dit qu’elle était mignonne et qu’elle cochait toutes les cases. Ils allaient l’emmener à l’étranger dans quelques jours.

– Ça n’explique pas comment son cartable s’est retrouvé dans ta voiture.

– Si c’est pas toi qui l’as mis là, alors j’en sais rien.

– Et tes empreintes sur le serre-tête ?

– Ça a pu se produire d’un millier de façons, répond-il d’une voix geignarde. Peut-être que je l’ai ramassé en pensant que c’était autre chose. Peut-être qu’il était pas sur elle. J’en sais rien. Peut-être que tes analyses sont fausses. C’est ton boulot de déterminer ça.

– Et la cagoule que j’ai trouvée dans ta boîte à gants ? »
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