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Critiques de Paul Grist (4)
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Noir

Ce tome est une anthologie, un recueil d'histoires courtes, chacune réalisée par une équipe artistique différente. Il contient 11 récits de 8, tous en noir & blanc. La première édition de ce recueil date de 2009.



The old silo, par Jeff Lemire. Un homme d'une soixantaine d'années s'occupe de son épouse invalide, et de sa ferme. Il est en retard sur ses paiements mensuels, et son créancier vient l'avertir qu'il a 3 semaines pour y mettre bon ordre, ou sinon il se verra contraint de saisir ses biens. Le lendemain, il découvre un homme blessé adossé à son tracteur dans la grange. Mister X Yacht in the Styx, par Dean Motter. La journaliste Rose Stone accepte d'accompagner Mister X sur le navire de luxe Coleridge pour élucider la mort du magnat Virgil Charon. The last hit, par Chris Offutt, Kano, Stefano Gaudiano. Dans la ville de Slate aux États-Unis, un tueur à gage a décidé de faire un dernier contrat avant de prendre sa retraite : il doit tuer avec un fusil à lunette le premier individu qui entrera dans la chambre d'hôtel dans l'immeuble d'en face. Fracture par Alex de Campi & Hugo Petrus. Une jolie blonde se tient sur le quai du métro, et elle est importunée par un vieil homme en train de quémander. Elle pense à quel point il serait simple de juste le pousser pour qu'il tombe sur les rails du métro. The Albanian, par M.K. Perker : l'homme de ménage de nuit, un albanais, nettoie les bureaux d'une société où il reste encore deux ou trois personnes. Il rentre dans le bureau suivant et voit l'employé écroulé sur son bureau, avec une blessure encore fraîche à la tempe. Kane The card player, par Paul Grist : l'inspecteur Kane est appelé sur les lieux d'un cambriolage. Le voleur a laissé une carte à jouer : un six de carreau. Les cartes 1 à 4 de carreau ont été retrouvées sur d'autres cambriolages, mais pas le 5.



Blood on my hand, par Rick Geary : un homme d'une trentaine d'années est très amoureux de son épouse Carla. Mais voilà qu'il perd son emploi et que sa femme est obligée de travailler dans un bureau pour une compagnie d'assurances. Il est obligé de prendre un traitement pour ses nerfs, et sa femme commence à revenir tardivement. Trustworthy par Ken Lizzi & Joëlle Jones : une nouvelle en prose avec des illustrations. Ray un employé de bureau sans histoire se fait aborder par Sonja une belle jeune femme dans un bar. Elle finit la nuit chez lui et le lendemain un afro-américain frappe brutalement à sa porte. The new me par Gary Phillips et Eduardo Barreto : Susan, une femme en surcharge pondérale se met à se rendre régulièrement dans un club de gym tenu par un très bel homme qui offre d'autres services à ses clientes. Criminal 21st century, par Ed Brubaker & Sean Phillips : un homme d'une trentaine d'années ramène chez lui, une rencontre d'un soir dans un bar. Après une partie de jambes en l'air, elle lui explique que son mari la maltraite. The bad night, par Brian Azzarello Fábio Moon & Gabriel Bá. Le frère de Sal se rend dans un bar où il y rencontre monsieur Dewitt qui a un contrat à lui proposer, un truc simple et sans complication.



C'est assez osé quand même : une collection d'histoires courtes dans le genre polar. C'est un genre qui supporte mal l'amateurisme, les dessins ayant tendance à mettre en évidence les grosses ficelles policières, les longues expositions sous forme de discussions statiques, et la violence trop cliché. En outre, ce n'est pas facile de surprendre un lecteur chevronné de polar ou de comics en 8 pages. D'un autre côté, ce même lecteur identifie des noms qu'il connaît et qu'il apprécie, des orfèvres en la matière. Brubaker & Phillips maîtrisent l'art du polar en bande dessinée comme peu d'autres, en particulier avec leur série Criminal, mais aussi l'extraordinaire The Fade Out , et de nombreux autres. Ils ne déçoivent pas avec une ambiance à couper au couteau, une noirceur visuelle grâce à un encrage appuyé, une utilisation experte des conventions de genre défiant le lecteur d'anticiper la chute, jouant carte sur table le fait que les apparences sont trompeuses, avec une conclusion immorale à souhait. Le lecteur attend également Brian Azzarello au tournant, l'auteur de la série 100 Bullets avec Eduardo Risso. Ce scénariste rend un hommage appuyé à un personnage de fiction et à son origine traumatique dans une ruelle, mais il dévoile ses cartes un peu trop rapidement, vidant la chute de toute surprise, ne parvenant pas à insuffler assez de personnalité dans le tueur. Les frères Moon & Bá maîtrisent tout aussi bien le noir & blanc que Phillips, mais leurs dessins manquent de cruauté envers les personnages qui devraient être englués dans leur mode de fonctionnement, accablés par le destin.



S'il dispose d'un peu plus de culture comics, le lecteur remarque que deux autres auteurs mettent en scène leur personnage récurrent auquel ils ont consacré une série. Le personnage de Kane a bénéficié d'une série de 31 épisodes de 1993 à 2001, regroupés en 6 recueils. Ici, Paul Grist ressort son personnage pour une enquête sur des cambriolages. Ses dessins sont un peu plus raides, un peu plus naïfs par endroit, avec une belle gestion du contraste entre les surfaces noires et les espaces blancs de la page. Les lieux présentent assez de détails pour être singuliers, et les personnages disposent de caractéristiques visuelles leur donnant une belle présence sur la page. L'enjeu du récit est plus une forme d'ironie que l'enquête en elle-même, une ironie peut-être pas tout à fait assez mordante mais noire malgré tout. Le lecteur retrouve également Mister X , personnage créé par Dean Motter en 1984, et ayant bénéficié d'une quarantaine d'épisodes depuis. D'un côté, les traits encrés sont plus souples et plus élégants que ceux de Paul Grist, plus agréables à l'œil, d'un autre côté les pages sont plus chargées car le dessinateur déploie des nuances de gris pour les ombres portées, mais aussi pour faire apparaître la silhouette des décors en arrière-plan. Dans le cas de cette nouvelle, la force de l'environnement (la cité Somnopolis) et la très forte personnalité de Mister X écrasent totalement le récit devenant des éléments quasi mythologiques du récit. Pour autant il y a bien une enquête, une disparition, peut-être un meurtre, et ils viennent eux aussi nourrir cette mythologie, cette cité presque fantasmagorique. C'est à la fois un récit très réussi et très prenant, et à la fois un peu tricher par rapport à la promesse d'un récit noir auto-contenu.



Il faut disposer d'encore un peu plus de culture comics pour relever la présence de Rick Geary, auteur d'une série sur les meurtres les plus célèbres du dix-neuvième siècle, et d'une autre sur les affaires criminelles du vingtième siècle. Sa personnalité graphique tranche par rapport à tous les autres récits, avec une impression de personnages, de décors et d'accessoires détourés au stylobille, et d'absence de phylactère pour les dialogues. Il raconte une histoire assez simple, relatée avec le point de vue du mari, créant une empathie totale avec le personnage et sa manière de penser. Cela aboutit à une impression de récit inoffensif, créant un décalage total avec les événements, créant une horreur intense chez le lecteur dans un récit de polar : une réussite extraordinaire, avec une absence d'effets noirs ou spectaculaires. Le lecteur identifie certainement plus facilement le nom de Jeff Lemire, auteur canadien complet. Ses dessins ont une apparence un peu mal assurée qui transcrit très bien la fragilité de l'homme âgé, acculé dans une situation où il ne peut plus faire face à ses dettes, et où il craint de ne plus pouvoir apporter son soutien à son épouse handicapée. Pour autant, la narration n'arrive pas à emporter autant le lecteur dans la situation que celle de Geary.



Constatant que cette anthologie est de bonne facture, avec quelques pépites, le lecteur s'aventure dans les autres récits avec la même curiosité. Les scénaristes se montrent tous respectueux des conventions du polar, en partant tous d'un point de départ différent. Le lecteur découvre un tueur à gage adepte du fusil à lunette, une jeune femme harassée par la promiscuité urbaine, un immigré confronté à un cadavre, une femme fatale prête à utiliser un jeune homme bien sous tout rapport, et une ménagère cherchant à se remettre en forme (point de départ le plus original du lot). Il n'y a pas non plus de faute de goût ou d'erreur de casting dans le choix des artistes. Ils sont tous à l'aise avec le noir & blanc, œuvrant dans un registre descriptif avec un niveau de détail plus ou moins poussé (le milieu urbain très consistant du tueur à gage, les bureaux très banals pour le travailleur immigré), l'élégance de la femme fatale dessinée par Joëlle Jones, la narration visuelle quasi muette d'Hugo Petrus, les cases très féminines d'Eduardo Barreto. Les chutes mises en œuvre par les scénaristes diffèrent à chaque fois, certaines s'avérant véritablement surprenantes.



L'horizon d'attente du lecteur est assez élevé concernant un recueil de nouvelles relevant du genre Polar. Il constate de suite que le responsable éditorial du projet a su convaincre des auteurs de renom et d'autres moins connus, tous réellement investis dans leur récit, à l'opposé d'une pige vite réalisée, ceci étant vrai autant pour les scénaristes que pour les dessinateurs. Comme dans toute anthologie, certaines histoires parlent plus que d'autres au lecteur, en fonction de ses sensibilités. Il est agréable de retrouver quelques créateurs dont on connaît déjà les spécificités, et d'ne découvrir d'autres, tous pouvant se montrer surprenant.
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The Union : The Britannia Project

L'union pour lutter contre la division nationale

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Ce tome contient une histoire qui peut être lue sans connaissance préalable de l'univers Marvel. Il regroupe les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2021, écrits par Paul Grist, dessinés par Andrea Di Vito (et 1 page par Grist en ouverture de l'épisode 1), encrés par LeBeau Underwood, avec l'aide de Drew Geraci pour l'épisode 1, et mis en couleurs par Nolan Woodard. Les couvertures ont été réalisées par RB Silva (1, 3, 4), Paco Medina (é2), Di Vito (é5). Les couvertures variantes ont été dessinées par Paul Grist, Ema Lupacchino, Mike McKone, Carlos Pacheco, John McCrea, Dave Johnson, Ryan Brown, Lee Garbett.



À la télévision passe un vieil épisode de dessin animé où Britannia défait Doc Croc, grâce à la force de l'esprit de la Grande Bretagne qu'il a sous-estimé. Suit un communiqué du 10 Downing Street indiquant que le gouvernement a constitué une nouvelle équipe de superhéros composé d'un membre de chacune des quatre nations formant la Grande Bretagne. L'équipe est composée de Britannia (Tanya), Choir (Ruth), Kelpie et Snakes. Elle est en ce moment même en train de s'entraîner sur la petite île qui abrite le fort Brean Down. Sur place, Union Jack (Joe Chapman) progresse avec une petite équipe de militaires pour aller planter le drapeau de son équipe à l'extrémité du promontoire, sous l'œil des caméras de l'armée. Dans une émission télé d'opinions, le présentateur et la présentatrice échangent des conjectures sur le nom probable de cette équipe : Projet Britannia selon elle, Team UK selon lui. Union Jack continue d'avancer, mais son dernier équipier marche dans une flaque d'eau, alors qu'il n'a pas plus depuis deux semaines. La flaque d'eau prend vie et englobe le soldat qui ne peut plus respirer. Elle finit par le relâcher, mais il n'est plus en état d'avancer.



Union Jack continue d'avancer seul Il traverse la dernière pièce du fort sans difficulté, et descend en courant la pente pour sauter sur l'îlet où il doit planter le drapeau. Il est stoppé net par une rafale d'énergie alors qu'il allait effectuer cet ultime saut. Britannia l'a intercepté et lui demande de reconnaître sa défaite. Il parvient à se relever à la contourner et à atteindre l'îlet. Mais c'est elle qui a conservé le drapeau. Un journaliste télé indique qu'il est en direct avec Britannia qu'il s'apprête à interviewer. Une des caméras militaires transmet l'image depuis le fort Brean Down. Déçu, il découvre qu'il va pouvoir poser ses questions à Union Jack, et au député James Selwyn. Il n'hésite pas à indiquer que la chaîne n'aurait pas consacré autant de temps si elle avait su que l'interview ne serait pas avec Britannia. Le député ne se démonte pas et le remercie pour l'intérêt qu'il porte au projet Britannia qui regroupe des jeunes héros d'Angleterre, du Pays de Galle, de l'Écosse, et de l'Irlande du Nord. Pendant-ce temps-là, un peu à l'écart, Britannia rappelle à capitaine d'industrie Steve Darwin qu'elle avait exigé qu'il n'y ait pas de logo d'entreprise sur le drapeau. Il lui répond qu'il comprend parfaitement sa position idéaliste, mais qu'il est le plus gros contributeur financier et que la Grande Bretagne a évolué.



A priori, le lecteur est peut-être très peu motivé par une minisérie satellite de l'événement du moment : King in Black (2020/2021) par Donny Cates & Ryan Stegman. Ou il peut être un peu curieux de savoir ce que va raconter Grist, déjà auteur de plusieurs séries indépendantes Kane (1993-2001, 31 épisodes), Jack Staff (38 épisodes, 2000-2011), Mudman (2010/2011, 5 épisodes). La couverture annonce clairement une nouvelle équipe de superhéros britannique, et le lecteur habitué de l'univers partagé Marvel se rend compte qu'il n'en connaît qu'un seul : Union Jack, Joseph Chapman étant le troisième individu à adopter cette identité secrète. L'histoire commence tranquillement avec l'annonce de la formation de cette nouvelle équipe de superhéros, la mise à l'écart d'Union Jack, au profit de membres plus jeunes, et l'arrivée d'un dragon symbiote pour servir d'ennemi générique, sans réelle identité propre. Les dessins sont propres sur eux, avec un degré de détails satisfaisant, dans un registre descriptif et réaliste, des décors représentés assez régulièrement, des actions claires et vives, l'ouvrage d'un bon artisan, avec une mise en couleurs travaillée et complétant bien les dessins avec une approche elle aussi naturaliste.



Pourtant, la lecture exhale une saveur en décalage avec un récit de superhéros traditionnel et basique. Cela commence avec le discours très formaté du porte-parole du premier ministre sur l'unité nationale. Ça continue avec une remarque pleine d'ironie d'Union Jack sur la manière dont la Grande Bretagne a construit son empire : en plantant son drapeau sur des territoires ne lui appartenant pas. De manière organique, un personnage ou un autre effectue régulièrement une remarque de nature adulte : l'origine ouvrière de Joe Chapman, la perte de temps d'antenne à interviewer quelqu'un d'autre que Britannia, le financement privé d'une équipe nationale, les bonus de paye en cas d'atteinte des objectifs, la notoriété sur Instagram, Britannia s'adressant à Union Jack comme à un amant, c'est-à-dire la nation s'adressant au drapeau national, etc. Le scénariste raconte bien une histoire de superhéros : des individus avec des costumes moulants et des couleurs voyantes, des combats avec décharge d'énergie et échange de coups de poing, des ennemis aux capacités tout aussi extraordinaires, en mettant à profit l'univers partagé Marvel.



De son côté, le dessinateur en fait donc plus que le strict minimum. La progression sur le promontoire du fort entraîne le lecteur à la suite du superhéros athlétique et bondissant : traversant les bâtiments, dévalant une pente enherbée, à la fois le plaisir du jeu sportif, et le plaisir du grand air et de l'air marin. Lorsque les superhéros poursuivent le dragon symbiote, ils se retrouvent à Weston-super-Mare, une ville côtière et une station balnéaire dans le comté du Somerset, et le lecteur peut voir la fête foraine, le grand huit, et la promenade le long de l'océan. Puis il accompagne les personnages à la campagne au nord du Pays de Galle, et enfin à l'intérieur de la Tour de Londres. Di Vito prend le temps de représenter ces différents environnements de sorte à en communiquer le relief, l'espace ouvert de la campagne, ou au contraire les espacés fermés de la Tour de Londres. Le lecteur voit bien que les mouvements et les déplacements des personnages sont fonction des caractéristiques de l'endroit où ils se trouvent. Le dessinateur s'investit tout autant dans la représentation des différents personnages et des détails de leur costume. Il sait insuffler de la vivacité et de la force dans les combats, et de la tension dans les scènes de dialogue. Le lecteur n'éprouve pas l'impression de se taper des pages insipides, avec une mise en scène artificielle prête à l'emploi. Il apparaît à plusieurs reprises que l'artiste a bien saisi la saveur un peu moqueuse ou ironique de certains éléments du scénario, comme la personnalité agressive de l'anglais Bulldog, ou la dimension comique du gentil chien Craig.



La qualité de la narration visuelle et les éléments adultes inattendus du scénario retiennent l'attention du lecteur, bien content de s'être lancé dans cette histoire. L'intrigue découle naturellement de la création de cette nouvelle équipe de superhéros, projetée sous les feux de la rampe, lors de l'invasion des symbiotes de Knull, la mort de l'un d'eux au combat, la dissolution de l'équipe, le passé qui en rattrape une, l'arrivée d'un remplaçant, et un criminel qui met à profit leur existence pour s'emparer d'un objet de pouvoir. L'intrigue s'avère tout aussi prenante que les remarques cyniques en passant. S'il n'entretient pas de doute sur le fait que les bons gagnent à la fin, le lecteur se demande comment ils vont y parvenir et qu'elle sera le prix à payer. Il prend également conscience que le scénariste continue de se montrer discrètement subversif : l'ennemi est un individu âgé qui compte bien parvenir à prendre sa revanche sur la société. Ce qui est moins courant, c'est que l'individu par lequel la victoire va pouvoir être acquise est également un homme âgé, la cinquantaine ou plus, et ce ne sera pas par la force physique.



D'habitude, un événement à l'échelle de toute la gamme de produits d'un éditeur à la tête d'un univers partagé est surtout l'occasion de fourguer plus de produits aux consommateurs, d'une qualité souvent sujette à caution. Cette minisérie fait exception. Déjà, l'éditeur a pris le parti de supprimer la mention de King in Black sur la couverture, préférant mettre en avant le nom de la nouvelle équipe : Union. Ensuite, le dessinateur reste le même du début jusqu'à la fin, et il ne bâcle pas ses planches au fur et à mesure des épisodes. Enfin, le scénariste ne se contente pas d'aligner les scènes de combat en se reposant sur le spectacle pyrotechnique des superpouvoirs. Il ne développe pas beaucoup les personnages, mais il a imaginé des superhéros originaux dont les propos attestent qu'il s'agit d'adultes avec un esprit critique. Cette histoire dépare donc fortement des miniséries dérivées d'un événement, et le lecteur se dit qu'il en lirait bien une deuxième réalisée par la même équipe de créateurs, avec des personnages un peu plus consistants.
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Mudman, Tome 1

Ce tome comprend les épisodes 1 à 5, parus en 2011/2012, d'une nouvelle série indépendante créée par Paul Grist (scénario, dessins et lettrage), avec une mise en couleurs de Bill Crabtree.



Sur la côte sud-ouest de l'Angleterre, dans la bonne ville de Burnbridge-on-Sea, 2 adolescents (Jack Newton et Owen Craig) s'amusent à graffiter le panneau d'entrée de la ville. Par la suite, Owen Craig s'amuse à pénétrer dans une vieille maison abandonnée en bord de plage, pendant que Jack cherche d'autres surfaces à graffiter. Dans l'une des pièces il tombe sur un étrange costume. Mais la demeure n'est pas aussi inhabitée qu'il le supposait et il se fait courser par 2 individus qui n'hésitent pas à lui tirer dessus. Touché, il s'écroule dans la boue qui recouvre la plage. Owen se retrouve dans son lit le matin suivant, et il est déjà en retard pour se rendre au lycée. Chemin faisant, il butte contre la brute du lycée, en regardant une jeune et jolie nouvelle. Heureusement Jack lui sauve la mise grâce à un syllogisme habile. Alors qu'il traverse, il se fait renverser par une voiture sur le pare-brise de laquelle il laisse une énorme trace de boue. Pendant ce temps là, son père (policier de profession) se fait enlever par 2 bandits qui sont persuadés qu'il les a reconnus comme responsables d'un hold-up qui a mal tourné.



C'est la troisième série que Paul Grist réalise en solo, après Kane (6 tomes) et Jack Staff (4 tomes). Il utilise un style graphique assez simple au niveau des formes avec une faible densité d'informations par case, pour une lisibilité facilitée et immédiate. Chaque personnage se reconnaît aisément du fait d'un travail abouti de définition visuelle de ses caractéristiques graphiques. Grist évite soigneusement les clichés des comics de superhéros : pas d'individu bodybuildé, pas de premier rôle féminin affligé d'hypertrophie mammaire. Grist a l'art et la manière de créer des personnages issus du quotidien qui restent crédibles. En termes de niveau de simplification, les visages constituent un bon exemple. Régulièrement les yeux sont figurés par deux points, les lèvres ne sont pas représentées. Toutefois il donne des formes de visages différentes à chaque personnage. Il opte pour des tenues vestimentaires différentes pour chacun (sauf en ce qui concerne les uniformes scolaires), tout en restant dans des vêtements simples de type t-shirt et chemisette, avec chaussures génériques. Malgré l'apparence d'économie de moyens, Grist sait donner à chaque endroit un cachet unique, et transmettre une ambiance propre. En évitant de mettre trop de détails (la bâtisse reste une simple silhouette), Grist permet au lecteur de plus facilement projeter ses souvenirs sur les formes simplifiées, et donc investir affectivement chaque lieu.



Sans tomber dans le croquis, ses dessins dépouillés évoquent cette ambiance de bord de mer, ou de quotidien avec des éléments simples tels qu'une cuisine ordinaire, une terrasse avec vue sur la mer, un bus, un lit de cours d'eau envahi de boue, etc. Il a également l'oeil pour trouver la posture la plus parlante pour chaque personnage, l'angle de vue le plus direct pour exposer une situation, la suite de cases qui rendra le mieux compte du mouvement. Son style s'apparente à un discours en termes simples et directs qui ne s'embarrasse pas de fioritures, qui raconte clairement l'histoire avec efficacité, et une forme d'évidence donnant un rythme rapide à la lecture.



S'il s'agit bel et bien de la première apparition de Mudman, il est difficile de parler de récit des origines car les détails sont réduits au minimum. À l'image de son style visuel, la narration est également directe, simple et efficace. D'un certain coté, cette approche évoque une époque où les superhéros n'étaient pas torturés par des doutes existentiels, à laquelle les méchants n'étaient systématiquement sadiques, où la violence n'était pas l'une des composantes principales du récit, les superpouvoirs étaient plus une source de plaisir et d'étonnement que de souffrance physique et mentale. Avec ces 5 épisodes, le lecteur apprécie ce plaisir immédiat et simple sans être naïf. La contrepartie de cette narration légère est que Paul Grist n'a pas le temps de développer la personnalité de son personnage principal, encore moins celle des personnages secondaires. Il a le temps d'installer plusieurs mystères (tels que la connexion de Mudman avec la génération précédente de superhéros) sans pouvoir les développer au-delà du stade d'accroche. Résultat : le lecteur passe un bon moment à découvrir ces mystères, à coté d'un jeune homme sain et plein d'entrain sans être niais, mais il n'y a rien de plus que ces instants de divertissement immédiat et premier degré.



Il est agréable de constater qu'il existe des créateurs de superhéros capables de raconter une histoire simple procurant un plaisir immédiat, débarrassé de toute continuité, ou de violence excessive. À l'issue de ces 5 épisodes, le lecteur a passé un bon moment aux cotés de Mudman (superhéros vif et allègre, avec un soupçon d'autodérision relative à la nature de son superpouvoir à base de boue). Mais seule la suite permettra de savoir si cette histoire dispose d'un contenu plus substantiel que ces quelques aventures au grand air.
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Mudman, Tome 1

On retrouve cet art de la narration, très efficace, qui joue avec les séquences, les flash back en semant quelques fausses pistes. C'est très adroit et très vite il se créé une ambiance à la fois mystérieuse et très prenante,
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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