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Citation de AuroraeLibri


Partant à la rencontre des préjugés, il n'a pas de peine à en trouver, nombreux. Il commence par innocenter, lui aussi, les comètes : mais c'est le diable qui l'intéresse surtout. Le diable obsède sa pensée, hante ses sermons, jusqu'à ce qu'il l'expulse enfin dans un gros livre qu'il publie l'année 1691 : De betooverte Wereld ; Le monde enchanté. Il va désenchanter le monde...

Il commence d'une vive allure. La croyance au diable et à son pouvoir, aux suppôts du diable et à leurs crimes, ne tient pas devant les lumières naturelles. Qu'on remonte à l'origine de cette croyance ; qu'on suive son développement à travers les âges et dans tous les pays, on s'apercevra qu'elle est de source païenne, qu'elle a infecté le Christianisme ; et bien que les protestants, depuis qu'ils se sont séparés des papistes, en soient partiellement délivrés, elle ne laisse pas de les abuser encore. N'allez pas dire qu'elle soit fondée sur l'Écriture : sur l'Écriture interprétée par les Pères de l'Église, peut-être ; mais non pas sur l'Écriture interprétée rationnellement, interprétée par lui, Balthazar Bekker. Par exemple : l'Écriture parle des anges, mais comme elle ne dit rien de leur nature, de leur essence, on peut admettre qu'elle désigne des hommes, chargés par Dieu d'une mission particulière, et doués, en conséquence, d'un pouvoir spécial. Elle parle d'esprits malins, mais ici encore elle désigne des hommes, des hommes pervers. Elle rapporte la tentation d'Adam, mais dans le récit de Moïse, il n'est rien dit qui doive porter à conclure que le diable lui-même puisse agir immédiatement sur les âmes et sur les corps. Elle rapporte la tentation de Jésus-Christ, elle ne nous dit pas que le démon ne fut pas un méchant homme, tout simplement. Elle rapporte que Jésus-Christ a guéri des possédés, mais on avait coutume d'attribuer aux démons les plus dangereuses maladies, et même d'appeler les maladies, des démons. Jésus-Christ n'a pas changé les façons de parler qu'on avait de son temps ; de sorte que la guérison des Daemonia n'était pas proprement une expulsion de diables, mais la guérison de maux trop réels. Bref, « l'Écriture considérée dans le fond et sans prévention n'attribue point au diable cette puissance et ces opérations que la prévention des commentateurs et des traducteurs leur fait reconnaître en lui... » De nos jours, les magiciens, enchanteurs, ou sorciers, ont été de forts méchantes gens, dont la doctrine et les mœurs étaient très corrompues : ils n'ont eu aucune communication particulière avec le diable.

Balthazar Bekker fut réprouvé par son Église, et mourut sans changer d'avis. Il avait eu soin de faire traduire son livre en français, sous ses yeux, pour éviter les versions frauduleuses et inexactes qui ne manquent jamais d'exploiter les œuvres à succès. La précaution n'était pas inutile, et le livre, sous cette forme française, circula largement. On le traduisit aussi en anglais, en allemand ; il fut lu dans toute l'Europe.

Deuxième partie. Contre les croyances traditionnelles
Chapitre II. La négation du miracle
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