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Citation de Cielvariable


La même employée en blouse blanche accueillait les visiteurs dans la salle d'attente. Nous lui étions devenus sympathiques. De loin, elle nous fit signe qu'elle s'occupait de nous. Après être passée dans le bureau voisin, elle revint en disant que « notre » malade était prévenu.
Cinq minutes plus tard, la jeune Anglaise apparut, les traits reposés, plus détendue, en vérité très jolie.
« Je vous attendais, dit-elle. C'est gentil d'être revenus. Mon père va mieux. Ce matin il a pu se lever quelques instants. Cependant, je suis toujours inquiète à cause de sa mémoire. Il a perdu tout souvenir de ce qui s'est passé au moment de l'accident et même de son voyage en avion. »
Puis, jetant un coup d'œil autour de nous comme si elle cherchait quelqu'un :
« Et votre chien?... Vous l'avez amené? »
Je lui expliquai qu'il n'avait pas l'autorisation d'entrer et que je l'avais attaché dans la cour à un lampadaire.
Elle nous accompagna dehors et se montra impressionnée par la taille de mon chien.
« Oh! un si gros animal!... Est-il féroce?... Est-ce que je peux le toucher?... Et comment s'appelle-t-il?
- Kafi! »
Le nom lui parut si drôle qu'elle étouffa un petit rire.
« Coffee! Que c'est amusant! Ce chien n'est pourtant pas noir?
- Je sais, fit Mady. Coffee! signifie « café » en anglais mais lui, c'est Kafi, avec un « K. »
Elle caressa longuement mon chien en prononçant Keufi, et la brave bête, qui reconnaissait quand même son nom, se montra très aimable avec elle.
« Dommage que mon père ne puisse le voir, fit-elle, il aime tellement les chiens... A présent, voulez-vous m'accompagner dans sa chambre? »
Sans Kafi, de nouveau attaché au lampadaire (ce qui ne lui plaisait guère), nous suivîmes la jeune fille jusqu'au pavillon où le blessé avait été transféré. Cependant, avant d'entrer, elle expliqua :
« J'ai raconté à mon père ce que vous aviez fait pour lui. Il n'a pas paru comprendre. Il va mieux mais sa mémoire n'est toujours pas revenue. Pauvre daddy! »
Elle poussa doucement la porte. Assis sur son lit, la tête entourée d'un pansement, le blessé ne paraissait pas souffrir. Son visage, l'autre soir livide, avait retrouvé des couleurs. Il nous sourit, mais d'un sourire absent, de simple politesse. Devant nous, la jeune fille nous répéta ce qu'elle lui avait déjà expliqué espérant que notre présence l'aiderait à rassembler ses souvenirs.
Yes!, Yes! approuvait l'Anglais.
Mais on voyait bien qu'au fond de lui-même, il se demandait ce que nous faisions là.
« Pauvre daddy! murmura la jeune fille en lui posant affectueusement la main sur l'épaule. Bientôt à Londres, quand tu retrouveras ta maison, la mémoire te reviendra. Le docteur l'a dit. »
Et, à nous autres :
« Oui, le docteur pense qu'il retrouvera ses souvenirs quand il reverra son cadre familier. Aussi, allons-nous repartir dès demain. J'ai retenu deux places dans l'avion pour Londres. »
Puisque notre blessé ne se souvenait de rien, il était inutile de prolonger la visite. La jeune fille nous reconduisit dans le couloir mais, sitôt la porte de la chambre refermée, son visage prit une soudaine expression de gravité.
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