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Citation de Cannetille


Tu sais, dit-il encore, il n’y avait rien à faire là-bas, pas l’ombre d’un boulot. J’ai trouvé ça logique de bosser un peu pour eux, juste comme ça – le cartel, je veux dire. Tenter l’expérience, quoi. Ils ont beaucoup de fric, tu sais. Les voitures, les femmes, la belle vie et toutes les bonnes choses. Si tu fais le tour du système, tu comprends qu’il fonctionne contre toi. Son but, c’est de t’empêcher de rester en vie. Un de mes copains s’est retrouvé embringué dans le cartel, et du jour au lendemain ce gars qui disait non s’est mis à dire oui. Il m’a proposé des petits boulots, trois fois rien. Tu vas faire ça, Bolivar, qu’il disait, ça n’engage pas à grand-chose.Surveiller tel ou tel endroit, accompagner un type en jeep. Reconnaître les lieux ici ou là. Filer une raclée à un mec qui n’a pas payé ce qu’il devait – c’est la règle, et tu t’habitues. Plus tard, j’ai commencé à sortir avec eux le soir. J’ai assisté à des trucs. On était dans les collines, une nuit, et j’ai vu un truc en particulier. Ils m’ont donné des ordres. À partir de là, une sale impression a commencé à m’envahir. On aurait dit un poison qui passait lentement dans mes veines. Et il s’est mis à me ronger les os, ce poison. J’en perdais le sommeil, à force. Je ne supportais plus de me regarder en face. Comment est-ce qu’on peut être soi quand on est avec eux ? On cesse d’être soi et on devient eux. Plus moyen de dire non, à la fin, parce qu’à un moment tu leur as dit oui. Que tu répondes oui, non, ou peut-être, c’est du pareil au même, ça vaut toujours pour un oui. Même si tu n’ouvres pas la bouche. Et si tu viens à claquer, c’est qu’ils auront dit oui à ta place. T’as plus que ce mot devant toi, oui. Pourtant, je sentais au fond de moi que je devais dire non, même si ce mot n’existait pas. Je suis parti là où personne ne pourrait me retrouver.À pied, je suis parti, et j’ai marché pendant des jours et des nuits. J’arrêtais pas de répéter dans ma tête : Moi je suis un non, pas un oui. À chaque pas que je faisais je me répétais ça, jusqu’à ce que j’arrive sur la côte sans rien d’autre que les fringues que je portais sur le dos. Enfin, pas tout à fait – j’avais aussi un peu d’argent. Là, au moins, je savais que je pourrais vivre simplement. Un gars et un bateau, c’est simple, oui, et c’est bien comme ça, aucune complication, rien pour hanter tes rêves et t’empêcher de dormir la nuit. Tes journées, c’est la simplicité même, la seule décision que tu dois prendre c’est si tu sors pêcher ou non. Ça me convenait bien, ce genre de vie. C’est pour ça que je suis parti.
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