J'ai toujours ressenti le "refus de parvenir". Ainsi, je n'ai jamais occupé de poste dans le mouvement ouvrier. J'ai assumé des tâches, exercé des responsabilités, certes, mais pas pour de l'argent et sans jamais avoir un statut particulier. J'ai toujours été dans des situations où j'étais éligible et révocable. Jamais je n'aurais voulu avoir une position de permanent. Cela ne me séduit absolument pas; je garde ainsi ma liberté et je peux vraiment exprimer ce que je pense. Je ne veux pas me vanter, mais je sais que dès que tu reçois de l'argent, tu n'es plus ton propre maître car tu dois t'identifier aux gens qui te paient. Du coup, tu perds ton indépendance. Pour moi, cela a été important de ne jamais occuper un poste; si on me l'avait proposé, je l'aurais refusé.
Fondamentalement, la société capitaliste est divisée en deux classes, nonobstant l'existence au sein de chacune de ces classes d'une différentiation sociale très poussée. La classe dirigeante est celle qui décide; l'autre, malgré sa différentiation interne, se trouve à la merci de ces décisions qui déterminent la condition générale de la société, quand bien même elles sont prises en fonction des seuls besoins du capital. Lucides ou stupides, ces décisions ne peuvent avoir qu'une fin : perpétuer par tous les moyens l'ordre établi.
Ce n'est pas la production et la productivité comme telles qui font avancer le capitalisme, mais la production du profit, en tant que condition préalable à l'accumulation du capital. La technologie de l'"abondance" - effective ou virtuelle - n'implique en rien une abondance réelle, propre à couvrir les besoins sociaux actuels.
Mattick s'appuie sur son histoire personnelle pour expliquer dans le détail les activités et les idées qui caractérisaient le mouvement radical. il accompagne son récit de réflexions sur la signification de chaque événement, d'enseignements tirés sur le moment ou plus tard. Mattick était sensible à la manière dont l'expérience (l'histoire) et les idées (la théorie) influent sur la monde.
Soutenir que "Marx n´a pas prévu la société technique développée" n´est guère justifiable quand on sait que Marx envisageait "L´abolition du travail" grâce à l´essor des forces sociales de production, lesquelles englobent la science et la technologie. Ce qui est vrai, c´est que Marx ne croyait pas qu´on pût aller bien loin dans cette voie en restant à l´intérieur du cadre capitaliste; raison de plus pour appeler à le détruire.
C'est parce que les virtualités du système actuel prennent corps sans rencontrer d'opposition qu'on semble devoir aboutir à une société totalitaire complètement intégrée. Pour mettre obstacle à ce mouvement, il faudrait que les classes opprimées "se libèrent à la fois d'elles-mêmes et de leurs maîtres."