Questionné sur ce qu’il attendait de sa relation avec Pierre Fresnay Touvier répond :
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Pierre Fresnay m’a souvent invité au théâtre, j’allais le voir dans sa loge. Un jour, je lui ai parlé des mes projets audio-visuels. Il m’a répondu que son père était le premier en France a avoir pensé à utiliser l’audiovisuel pour l’éducation des enfants. Fresnay m’a montré le manuscrit de ce que son père avait enregistré chez Barclay. J’ai pensé m’en servir pour faire un montage de démonstration. Le grand acteur m’a confié ce document unique ainsi que des photographies auxquelles il tenait comme à la prunelle de ses yeux.
Les textes que j’avais écris ne plaisaient pas à Pierre Fresnay, aussi m’a-t-il proposé de me faire un brouillon. Je n’aurais jamais osé le lui demander. Sur ce texte de Pierre Fresnay, j’ai réalisé un montage audiovisuel qui a emballé Barclay. Hélas, c’était le moment où il était en difficulté. Les Américains ont racheté Barclay entreprise et annulé tout ce qui était en cours. L’audiovisuel sur un texte de Fresnay n’a jamais vu le jour. Par la suite, je devais mener à bien une vie de Van Gogh, celle de Saint Bruno, des documentaires sur la Corse, la Grande Chartreuse, la Villa d’Este, la Villa Médicis.
Touvier et Brel:
p. 129 En 1967, lorsque la peine de mort à laquelle j’avais été condamné a été prescrite, j’ai repris espoir et je me suis lancé dans un projet d’édition de disques pour enfants. C’est d’ailleurs Jacques Brel qui m’a introduit dans les milieux du disque à Paris. Je pensais enregistrer un texte pour expliquer la conception et la naissance aux enfants. Mon projet avait enthousiasmé Jacques Brel et de nombreux amis m’encourageaient. J’ai rencontré des éducateurs, des psychologues, des médecins. Après une année de travail, j’ai proposé une interprétation que j’avais fait approuver par différentes autorités, dont celle de l’Eglise, bien sûr. J’ai alors composé le disque et c’est Brel qui m’a accompagné chez Philips pour établir le contrat. L’amour et la vie est sorti le 26 avril 1967. Ce fut une réussite. La presse fut unanime, de La Croix à L’Humanité-Dimanche, en passant par le Monde, France-Dimanche ou Télérama. Ce disque c’est vendu pendant plus de dix ans. J’avais travaillé sous le nom de Paul Berthet, le nom de famille de ma femme, mais beaucoup avaient deviné ma véritable identité et ce fut très dur de mener ce travail à bonne fin. Ce disque ne m’a pour ainsi dire rien rapporté : il a tout juste couvert les dettes que j’avais contractées pour sa réalisation.