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Citation de le_Bison


La route passait devant une cabane détruite. Le Capitaine s'arrêta et entra. Tasses brisées et lambeaux de robe déchirée sur un clou. Un corps de poupée sans tête. Avec son couteau, il réussit à extraire du mur une balle de calibre 50 qu'il déposa soigneusement sur le rebord d'une fenêtre, telle une relique. Ici demeuraient des souvenirs, des amours, des notes graves de cordes sensibles, comme dans l'endroit où il avait grandi, en Géorgie. Ici avaient vécu des gens dont les souvenirs les plus chers étaient le bruit d'une louche qu'on repose dans un seau d'eau après avoir bu et le tintement quand elle touche le fond. La quiétude du soir. L'ombre des daturas au-dessus d'une fenêtre, des ombres éparpillées, délicatement hypnotiques. L'odeur d'un veau qui vient de naître, un long rayon de soleil qui frappe la porte de derrière, sur des planches usées dont on découvre chaque nœud. Le chemin familier qui mène à la grange, parcouru des années durant par un père, un grand-père, des oncles, et leurs voix qui appellent. Chevaux, chevaux. Leur façon de balancer le seau en le tenant par l'anse, suivant d'un pas tranquille le chemin au milieu des arbres, entre ici et là-bas, entre la petite enfance et l'âge adulte, entre l'innocence et la mort, ce chemin creusé et le cœur qui s'emballait quand les chevaux vous répondaient ; vous pouviez reconnaître chacun d'eux au son de sa voix durant la longue et fraîche soirée, après une journée de labeur. Votre cœur fondait, ralentissait, s'amadouait. Chevaux, chevaux. Tous disparut dans l'incendie.
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