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EAN : 9782072824173
288 pages
Gallimard (11/04/2019)
3.96/5   132 notes
Résumé :
Hiver 1870, le capitaine Jefferson Kyle Kidd parcourt le nord du Texas et lit à voix haute des articles de journaux devant un public avide des nouvelles du monde : les Irlandais migrent à New York ; une ligne de chemin de fer traverse désormais le Nebraska ; le Popocatepetl, près de Mexico, est entré en éruption. Un soir, après une de ses lectures à Wichita Falls, on propose au Capitaine de ramener dans sa famille,
près de San Antonio, la jeune Johanna Leonbe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (46) Voir plus Ajouter une critique
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En 1870, au Texas, la loi et la justice sont deux notions aux contours flous.
L'état s'apprête à rejoindre l'Union, mais le gouverneur Davis , qui défend les minorités noires, interdit le port d'arme (le pauvre , il doit se retourner dans sa tombe) divise et le pays est à feu et à sang. Si l'on ajoute les ethnies indiennes voisines qui multiplient les raids , on a une vague idée du climat.
Le capitaine Kidd est un ancien de la guerre de sécession. Aujourd'hui il parcourt les routes pour lire les journaux aux populations locales.
Dans une ville à la frontière indienne, on lui confie une petite enlevée quelques années plus tôt afin de la ramener dans sa famille , à l'autre bout de l'état.

C'est un livre plein d'humanisme, avec en toile de fond l'histoire mouvementée d'un état en quête d'identité et d'émancipation.
L'auteur navigue très bien entre justement cette plongée dans l'histoire et la vie personnelle du capitaine , qui à elle seule est aussi un raccourci de la grande histoire.
On est dans les grands plaines ou dans les rocheuses, on s'attend à voir débouler John Wayne ou Clint Eastwood dans les rues de Dallas, encore bourgade innocente des restes de houille. Les saloons, le pianiste, les colts et les petits métiers des "honnêtes gens " se bousculent au fil des pages qui nous font traverser le Texas.
On ajoute quelques frayeurs, du suspense , un peu de nature writing et une rencontre made in "Petit Prince" entre le papy au coeur d'or, épris de justice, et la petite rebelle et l'on obtient un très bon roman.
Un dernier petit mot sur le papy justement / un bau personnage , droit dans ses bottes , qui a subi les affres de la vie , la méchanceté et la cupidité des hommes et qui offre au crépuscule de sa vie une bien belle image de l'être humain.
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"Au panthéon du western, entre True grit et Lonesome dove - Charles Frazier" dit le bandeau qui appâte le chaland sur la version Folio de ce superbe western. Une fois n'est pas coutume, je me suis laissée prendre par cette accroche alléchante, et je n'ai pas été déçue car deux fois ne sont pas coutume : ce slogan est fondé.
Il y a en effet du True grit dans le couple de héros, un vieux soldat revenu de tout qui s'engage à ramener vers sa famille une gamine de dix ans tout juste reprise aux Indiens kiowas qui l'avaient enlevée quatre ans plus tôt.
Y résonnent aussi des accents de Lonesome dove dans leur traversée du nord au sud du Texas de 1870 en pleine mutation, où la liberté et la violence du Far West laissent inexorablement la place à la violence plus sourde de la civilisation.
Mais ce western chante aussi sa propre musique qui vaut vraiment d'être découverte, même par ceux qui ne sont pas particulièrement amateurs de westerns : outre une évocation formidable de la nature âpre et riche du Texas, propre à forger les caractères, ce roman vaut par les deux puissantes figures qu'il met en scène et la relation profonde et émouvante qu'ils parviennent à tisser entre eux; lui, le vieil homme revenu de tout, apportant aux contrées les plus reculées les nouvelles du monde les plus éloignées de l'actualité bestiale et futile du moment; elle, la flambloyante môme deux fois arrachée aux siens, génétiquement blanche mais dont chaque cellule est devenue indienne, jetant sur le monde occidental le regard farouche et incrédule des enfants.
Poignant, rêche, sensible, ce western écrit par une femme pose un regard singulier sur l'histoire du grand ouest américain, tout en respectant le meilleur des codes du genre.
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Il était une fois un capitaine à la retraite qui parcourait la campagne texane, en dodelinant sur sa mule et son chariot bringuebalant. Texas 1870, il erre, l'air sobre et triste d'un veuf, en proposant entre deux comptoirs, la lecture de quelques journaux lointains. Il a l'art de captiver son auditoire, avec ses histoires de guerre franco-prussienne, ses légendes en terre indienne, ses aventures au-delà des mers. Une petite boite de conserve passe d'ailleurs entre les gens, quelques pièces et piécettes émettent une mélodie métallique lorsqu'elles touchent le fond de celle-ci. Voilà de quoi se payer ce soir un verre de whisky.

Une pièce d'or en échange d'un service : ramener cette gamine un peu sauvage à sa famille dans le sud texan. Johanna avait été capturée par une tribu indienne kiowa et a vécu ainsi comme une « sauvage » pendant plus de quatre ans. L'aventure commence à travers les chemins détournés et poussiéreux du Texas. Des instants de sourire sous le regard de la lune, des moments teintés d'émotion, des coups de feu et de la poussière soulevée, le Far-West lointain joue de l'harmonica, et des nouvelles du monde.

Des rencontres et des dangers à partager, cette longue promenade loin d'être bucoliques sera surtout l'occasion de s'apprivoiser, deux êtres sensibles à la poussière et à la solitude, au caractère fort comme un vieux Tennessee Rye qui râpe la gorge. Pas besoin de parler la même langue pour se comprendre, un regard ou un silence parfois suffit. Parfois seulement. C'est aussi l'occasion de manger de la poussière authentique, Paulette Jiles étant dans son élément, un roman écrit dans son ranch près de San Antonio.

Un western donc, avec quelques indiens, sans bisons – probablement déjà tous massacrés dans cette contrée, réduits au silence dans des prairies asséchées, vite une bière -, des saloons et des bagarres avec chaises fracassées et l'indispensable poussière de la vie.
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A peine cinq après la fin de la guerre de Sécession, les Noirs affranchis peinent à trouver leur place, ils sont souvent éclaireurs ou convoyeurs. Ils croisent au hasard des voyages le capitaine Jefferson Kyle Kidd, un vétéran de la guerre - guerre séminole et du Mexique. A soixante douze ans, il sillonne les petites villes du Texas où il organise des lectures pour diffuser les nouvelles locales ou plus lointaines et exotiques, - en évitant les sujets politiques qui peuvent dégénérer en bagarres générales. Britt l'un des convoyeurs confie au Capitaine, le soin d'accompagner une petite kiowa, âgée de dix ans et de la ramener à la famille qui lui reste. Blonde aux yeux bleus elle a en fait été kidnappée six ans plus tôt, ses parents ont été tués lors de l'attaque, elle n'a aucun souvenir de sa famille et ne parle plus sa langue maternelle ayant été élevée dans la tribu qui l'a enlevée. le Capitaine décide de la nommer Johanna.
Le long périple commence, un trajet de plusieurs centaines de kilomètres, où ils devront affronter les dangers, des rencontres menaçantes, les difficultés de communication, le temps de se découvrir, de se faire confiance et de s'apprivoiser.

Paulette Jiles offre avec Des nouvelles du monde un très beau roman à la fois historique et d'apprentissage, qui aborde de façon très humaine l'enlèvement d'enfants des colons par les tribus amérindiennes, des enfants qui restent traumatisés et qu'il est difficile de réadapter quand ils retrouvent leur famille, après avoir partagé pendant plusieurs années, la vie de leurs ravisseurs devenus par la force des choses des parents protecteurs, des enfants qui ont oublié leur langue maternelle. le Capitaine qui accompagne cette petite fille arrivera, grâce à de la patience et de l'empathie, à apprivoiser la petite Johanna, traversant avec elle mille dangers et essayant de la préparer à vivre dans une société pétrie d'obligations et d'interdits, alors qu'elle vivait libre, au plus près de la nature.
Deux êtres qui au long de ce périple vont se découvrir et un très beau roman sensible et fort.
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Un long trajet à travers le Texas attend le lecteur qui s'attarde d'abord sur la carte présentée en ouverture afin de s'imprégner de ce parcours reliant Wichita Falls au nord du Texas, à San Antonio bien plus au sud de cet État.
En cette année 1870, ce déplacement se fera au rythme des chevaux et aux sons des grincements du chariot.
Le capitaine Kidd, 71 ans, a déjà trois guerres derrière lui dont la dernière en date qui l'a réduit à devenir lecteur public de journaux pour subsister, au jour le jour. L'amertume l'emplissait désormais et il évitait, autant que possible, de donner les nouvelles locales susceptibles de déclencher réactions et emportements de la foule. Il aimerait encore croire que les nouvelles qu'il apporte du monde entier puissent être synonymes de pacifisme dans son pays.
À Wichita Falls, il se voit confier une fillette de dix ans, Johanna, capturée quatre années plus tôt lors d'une attaque sanglante donnée par les Indiens Kiowas. Mais Johanna est désormais habitée par la culture indienne, son immobilité et son regard hostile dénoncent ce nouvel arrachement à sa famille d'adoption.

Ponctué tout de même de quelques embûches, ce voyage s'oriente essentiellement autour de la relation, douce et progressive, qui se profile entre le vieil homme et Johanna. Il faut tout de même garder à portée de main un bon revolver ou un vieux fusil de chasse et guetter le danger derrière les bosquets de chênes verts.
C'est une belle histoire où il ne faut pas chercher des rebondissements aventureux mais savourer la communication qui s'établit entre ces deux êtres. L'avancée se déroule au rythme des lectures des nouvelles d'un monde lointain et aux sons des grésillements du bacon qui frit sur le réchaud. L'apprentissage des attitudes et de la langue des Blancs pour Johanna est douloureux. On devine aisément ses difficultés de réadaptation, contrainte à basculer dans sa culture natale qui ne lui convient plus.

Sans être vraiment développé pour ne pas prendre trop de place dans le récit, le contexte historique est néanmoins bien présent : l'assimilation très progressive des Noirs affranchis, la loi martiale encore en vigueur au Texas…

Un petit point négatif ressenti le long de ce parcours serait une narration un peu lassante, un ton trop uniforme avec de nombreuses phrases débutant par « Il ». Peut-être dû à la traduction ?

La beauté de l'histoire estompe ce désagrément et laisse planer en fin de lecture les premiers sourires de Johanna et le visage serein du capitaine Kidd, abrité sous son chapeau à larges bords.
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Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
La route passait devant une cabane détruite. Le Capitaine s'arrêta et entra. Tasses brisées et lambeaux de robe déchirée sur un clou. Un corps de poupée sans tête. Avec son couteau, il réussit à extraire du mur une balle de calibre 50 qu'il déposa soigneusement sur le rebord d'une fenêtre, telle une relique. Ici demeuraient des souvenirs, des amours, des notes graves de cordes sensibles, comme dans l'endroit où il avait grandi, en Géorgie. Ici avaient vécu des gens dont les souvenirs les plus chers étaient le bruit d'une louche qu'on repose dans un seau d'eau après avoir bu et le tintement quand elle touche le fond. La quiétude du soir. L'ombre des daturas au-dessus d'une fenêtre, des ombres éparpillées, délicatement hypnotiques. L'odeur d'un veau qui vient de naître, un long rayon de soleil qui frappe la porte de derrière, sur des planches usées dont on découvre chaque nœud. Le chemin familier qui mène à la grange, parcouru des années durant par un père, un grand-père, des oncles, et leurs voix qui appellent. Chevaux, chevaux. Leur façon de balancer le seau en le tenant par l'anse, suivant d'un pas tranquille le chemin au milieu des arbres, entre ici et là-bas, entre la petite enfance et l'âge adulte, entre l'innocence et la mort, ce chemin creusé et le cœur qui s'emballait quand les chevaux vous répondaient ; vous pouviez reconnaître chacun d'eux au son de sa voix durant la longue et fraîche soirée, après une journée de labeur. Votre cœur fondait, ralentissait, s'amadouait. Chevaux, chevaux. Tous disparut dans l'incendie.
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Quatre ans plus tôt, il était arrivé dans le nord du Texas par cette route. Un an après le décès de Maria Luisa. Il avait quitté l'élégante ville espagnole de San Antonio avec ses constructions de pierre d'un étage et les balcons en fer forgé, les toits en ardoise. Les vieilles maisons espagnoles tournaient toutes le dos au fleuve. Les propriétaires de ces maisons, qui veillaient jalousement sur leur arbre généalogique depuis les premiers colons venus des îles Canaries, en 1733, les Betancort, les Reales, vivaient retirés derrière les barreaux de fenêtre en bois verni. Dans la fraîcheur des sols dallés. Dans les mouvements des éventails et des mantilles, et la messe matinale à San Fernando, de plus en plus cernés de catholiques allemands et irlandais, des individus au langage incompréhensible. L'Espagne, Fille de lumière, Protectrice de la foi, Marteau des Maures, disparaissait tristement.
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Les nuages qui filaient dans le ciel au-dessus de Spanish Fort continuaient de laisser échapper de minuscules gouttes. Le capitaine déplia le London Daily News. Il leur lirait quelques paragraphes d’informations sérieuses, avant de passer aux descriptions d’endroits idylliques et lointains. Ainsi se déroulaient toutes ses lectures. Et ça fonctionnait. La lanterne qui éclairait son visage latéralement projetait des alvéoles lunaires et brillantes sur ses pommettes, à travers les verres de ses lunettes. Il commença par un article consacré à la guerre franco-prussienne. Il était question de Français raffinés, parfumés à l’eau de toilette, sévèrement fouettés à Wissembourg par d’énormes Allemands blonds nourris à la saucisse. L’issue était prévisible. L’auditoire était captivé, tout ouïe. Des nouvelles de France ! Personne ne connaissait quoi que ce soit à la guerre franco-prussienne, mais ils étaient tous fascinés par cette information qui avait traversé l’Atlantique pour venir jusqu’à eux, ici au nord du Texas, dans leur ville située au bord de la Red River en crue. Ils ignoraient par quel biais elle leur était arrivée, quelles contrées étranges elle avait traversées et qui l’avait transportée. Pourquoi.
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Le Capitaine déplia le "London Daily News". Il leur lirait quelques paragraphes d'informations sérieuses, avant de passer aux descriptions d'endroits idylliques et lointains. Ainsi se déroulaient toutes ses lectures. Et ça fonctionnait. La lanterne qui éclairait son visage latéralement projetait des alvéoles lunaires et brillantes sur ses pommettes, à travers les verres de ses lunettes. Il commença par un article consacré à la guerre franco-prussienne. Il était question de Français raffinés, parfumés à l'eau de toilette, sévèrement fouettés à Wissembourg par d'énormes Allemands blonds nourris à la saucisse. L'issue était prévisible. L'auditoire était captivé, tout ouïe. Des nouvelles de France ! Personne ne connaissait quoi que ce soit à la guerre franco-prussienne, mais ils étaient tous fascinés par cette information qui avait traversé l'Atlantique pour venir jusqu'à eux, ici au nord du Texas, dans leur ville située au bord de la Red River en crue.
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Il prépara du café, une crêpe de maïs et du bacon frit. Johanna resta longtemps assise sous la toile, sa nourriture dans les mains. Finalement, elle se mit à chanter sans la quitter des yeux, en adoration, comme si le bacon était un être vivant et la crêpe fumante, un don de la Femme Maïs. Il n'y avait pas de feu de camp pour créer des ombres, mais la demi-lune croissante semblait courir à l'envers entre les cascades de nuages qui se rassemblaient, se séparaient, puis se précipitaient de nouveau les uns vers les autres.
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