Malgré ça, assister à la souffrance d'une personne que l'on a aimée et dont on a partagé l'existence, je ne le souhaite à personne. Je pensais vraiment que nous étions faits l'un pour l'autre. Je n'ai jamais voulu en arriver là. Néanmoins, nous n'avons pas la main sur tout ce qu'il se passe dans notre vie.
Tout n'a pas été noir, mais plutôt gris. Comme dans beaucoup de familles, je pense. Je ne suis pas parfaite, il ne l'est pas plus que moi; or nous avons fait au mieux. Avec nos capacités, notre vécu, et puis la vie...
Cette solitude, il n’y a qu’une personne âgée qui peut la comprendre. On a beau nous aider, nous aimer, nous accompagner, on sait que plus rien ne sera comme avant. On ne récupérera pas nos jolis visages sans rides, nos cheveux brillants, nos corps en pleine santé et les gens qu’on a aimés.
Je ne savais pas qu'aimer pouvait être si douloureux.
Partir demande du courage, de la force, que beaucoup n’ont pas ou plus. Partir, ça ne fait pas moins mal, ça ne fait pas de nous un monstre sans émotion. Partir, c’est laisser une part de nous qu’on ne recouvrera jamais, c’est oser dire stop à une vie qui ne nous convient plus. Enfin, partir, c’est aussi mieux se retrouver et espérer, ne jamais plus s’en aller.
J’ai entendu une phrase, un jour, dans un film qui disait que ceux qui vieillissent sont des privilégiés. Qu’ils peuvent voir grandir leurs enfants et petits-enfants, s’ils en ont. Ils peuvent profiter de ces moments de famille et d’amitié. Ils ont le bonheur de découvrir les adultes accomplis que sont devenus ceux qu’ils ont connus bébés.
Dix ans passaient comme une poignée de minutes. Je m’endormais à 30 ans et me réveillais à 40. On pense qu’on a le temps ; or le temps, lui, ne l’a pas.
La douleur part avec le temps m’avait-on dit. Non. On apprend seulement à vivre avec.
Il y a beaucoup de choses qu’on n’admet pas tant qu’on ne les a pas vécues.
Malheureusement ce sont souvent ceux qui subissent qui souffrent le plus.